Le milieu des jeunes pousses bouillonne dans différents domaines technologiques, mais quelques-uns annoncent littéralement une explosion imminente. C’est le cas du secteur de la santé et des sciences de la vie.

« Il y a un énorme potentiel à Montréal en sciences de la vie, où on voit une collision entre différents domaines, comme la micro et la nanotechnologie, la biologie de synthèse, la génomique, la chimie et la bio-informatique, qui amènent de réelles innovations », affirme Xavier-Henri Hervé, directeur de District 3, le centre d’innovation et d’entrepreneuriat de l’Université Concordia.

Ce n’est pas un hasard si la métropole a pris cette place enviable dans le domaine sur l’échiquier mondial.

« Le Québec et le Canada ont beaucoup investi en recherche, Montréal a autant d’étudiants au doctorat que Boston et cela crée une mine d’or en matière de savoir-faire, explique M. Hervé. Puis, il s’est construit tout un écosystème pour les start-up dans les dernières années. »

La recherche derrière la jeune pousse

Les start-up du domaine de la santé et des sciences de la vie sont même souvent le fruit de plusieurs années de recherche en laboratoire.

C’est le cas d’Ananda Devices, une entreprise fondée par Margaret Magdesian, une pharmacologue et biochimiste qui a été professeure invitée et chercheuse associée à l’Université McGill pendant plusieurs années avant de lancer son entreprise. Son groupe de recherche a travaillé en collaboration avec l’Hôpital neurologique de Montréal pendant environ huit ans pour découvrir comment reconnecter des neurones. Cette découverte a permis de publier un article scientifique dans The Journal of Neuroscience et elle s’est taillé une place dans le palmarès des 10 découvertes de l’année 2016 du magazine Québec science.

La découverte pouvait avoir de nombreuses applications dans l’industrie et je me suis dit que si je voulais vraiment avoir de l’impact, je devais me lancer en affaires.

Margaret Magdesian

C’est ainsi qu’elle a mis au point des moules en silicone dans lesquels, grâce à des nanotechnologies, des neurones de patients sont guidés pour arriver à se connecter comme dans le cerveau humain.

« Traditionnellement, les sociétés pharmaceutiques testent leurs médicaments sur des modèles animaux, mais ça ne fonctionne pas très bien pour les maladies neurologiques parce qu’ils ne répondent pas de la même façon que les humains, explique-t-elle. Avec notre technologie, les tissus neuronaux grandissent 60 fois plus rapidement que dans l’humain, donc ça accélère aussi la recherche lorsqu’on veut tester des médicaments qui agissent sur les neurones. »

Adoption des nouvelles technologies

De nombreux chercheurs dans différentes universités du monde ont déjà adopté les moules d’Ananda Devices. Des entreprises de l’industrie des cosmétiques, qui ont énormément de pression des consommateurs pour cesser leurs tests sur des animaux, commencent aussi à prendre le train.

« Pour les grandes entreprises pharmaceutiques, la prise de décision est plus longue et c’est la même chose avec les gouvernements », précise Margaret Magdesian.

Si District 3 travaille sur des projets avec plusieurs partenaires très proactifs en innovation comme Montréal InVivo, Génome Québec, la Ville de Montréal et des organisations paragouvernementales, Xavier-Henri Hervé constate que la culture d’adoption gagnerait à être bonifiée au Québec.

« On a de nombreux éléments clés pour être au top de l’innovation, mais où vendent les start-up québécoises ? À Boston, à Los Angeles, au Mexique, en Europe. Non seulement le marché est petit au Québec, mais la culture d’adoption de l’innovation n’est pas comme à Amsterdam, à Londres et dans les grandes villes américaines. On pourrait faire mieux. »