Sans la présence de sous-traitants, le secteur minier ne pèserait sans doute pas aussi lourd dans l’économie du Québec. Beaucoup moins connus que les grandes sociétés minières, les quelque 4000 sous-traitants établis dans la province se portent plutôt bien ces temps-ci. Pour la plupart, ils ont rendez-vous avec la croissance. Et un nombre grandissant d’entre eux connaissent de plus en plus de succès à l’international. Portrait.

C’est en Abitibi que se trouve la plus importante concentration (près du tiers) des sous-traitants miniers. Cela va de la PME spécialisée en pompage à l’équipementier.

On y trouve également bon nombre d’entrepreneurs en construction spécialisés dans les mines, mais aussi des entreprises offrant des services très nichés, dont des consultants en optimisation métallurgique.

En fait, les sous-traitants miniers sont présents à toutes les étapes du cycle de vie d’une mine : de l’exploration à la construction et l’aménagement du site, durant l’exploitation, mais aussi dans la réhabilitation du gisement.

« C’est normal qu’il y ait autant de joueurs en Abitibi : les entreprises minières favorisent les fournisseurs locaux. L’esprit de communauté est très développé dans l’industrie. Ça prend des fournisseurs et des sous-traitants à tous les niveaux. Le concessionnaire qui vend des pick-up en fait aussi partie », explique Josée Méthot, directrice générale de l’Association minière du Québec (AMQ).

Montréal et la Montérégie sont les deux autres pôles d’importance où sont concentrés la plupart des autres sous-traitants du secteur. On trouve aussi de nombreux bureaux d’avocats et des firmes d’ingénieurs impliqués dans le secteur à Montréal et à Québec.

Manque de travailleurs

Selon Mme Méthot, les sous-traitants profitent actuellement d’un vent favorable dans les quelque 25 mines en activité au Québec, mais également à l’étranger. « D’après ce qu’on entend, tout le monde reçoit beaucoup de commandes », dit-elle.

Toutefois, bien des entreprises ont de la difficulté à répondre à la demande. « Comme partout ailleurs, déplore la patronne de l’AMQ, il y a un problème de main-d’œuvre. Recruter des gens de métiers, comme des électriciens ou des mécaniciens, est devenu très difficile. Les délais de livraison sont donc plus longs. »

Les sous-traitants dans le secteur de l’exploration tournent cependant au ralenti, souligne Éric Boucher, directeur général de l’organisme abitibien 48e Nord International. Le financement n’est pas au rendez-vous. « Pour eux, les temps sont un peu plus durs. Mais il y a de l’ouverture », résume-t-il. 

8,5 milliards

Les dépenses liées aux activités et aux infrastructures minières génèrent au Québec des retombées de 8,5 milliards de dollars annuellement, selon des chiffres de l’AMQ. Composée très majoritairement de PME, la filière des sous-traitants miniers fait travailler entre 15 000 et 20 000 personnes.

Source : AMQ

Rayonnement et IA

Le Québec compte de plus en plus de PME présentes à l’international. Certaines d’entre elles sont passées aux mains d’entreprises étrangères. C’est le cas de Cmac, à Val-d’Or. L’entrepreneur minier s’appelle désormais Cmac-Thyssen.

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La PME québécoise TechnoSub, de Rouyn-Noranda, vient de faire l’acquisition d’une entreprise américaine. Spécialisée en pompage et en gestion des boues souterraines, TechnoSub collabore à plusieurs projets miniers à l’étranger.

A contrario, la PME québécoise TechnoSub, de Rouyn-Noranda, vient de faire l’acquisition d’une entreprise américaine. Spécialisée en pompage et en gestion des boues souterraines, TechnoSub collabore à plusieurs projets miniers à l’étranger. On a toutefois fait appel à elle récemment pour des travaux dans les réseaux souterrains des métros de New York et de Paris.

Par ailleurs, l’intelligence artificielle (IA) est un secteur où les sous-traitants québécois ont une chance de se démarquer.

« En connectivité de surface, on est en retard, mais souterraine, on est aussi avancés que d’autres pays. On est à la ligne de départ en même temps qu’eux. L’IA et les technologies sont actuellement des enjeux », explique Éric Boucher, de 48e Nord International.