L’entrepreneuriat et les hautes technologies ont longtemps été un monde d’hommes. Ils le sont encore, mais de moins en moins.

Des solutions basées sur l’intelligence artificielle pour prédire la qualité des plans d’eau pour la baignade et pour trouver les segments d’aqueduc les plus vulnérables aux bris. Voilà ce que développe CANN Forecast. Lorsque Naysan Saran, cofondatrice et directrice générale de la jeune pousse, et le cofondateur Nicolas St-Gelais cherchaient un incubateur, le choix s’est arrêté sur District 3 de l’Université Concordia. Diplômée de Polytechnique Montréal en génie informatique et de McGill en mathématiques, Naysan Saran n’avait pourtant pas de lien avec cette université.

« Ç’a été un coup de cœur, l’atmosphère est très chaleureuse », affirme-t-elle.

Chez District 3, il n’y a pas de politique pour atteindre la parité. Mais 40 % des jeunes pousses qui y ont démarré en 2018 ont au moins une cofondatrice. Et l’exemple vient du haut. Les femmes représentent près de 60 % de l’équipe de direction, et 40 % des coachs et mentors sont des femmes.

De façon inconsciente, peut-être que la diversité présente chez District 3 a influencé notre choix de nous y installer. C’est certain que c’est important de se sentir à l’aise.

Naysan Saran, cofondatrice de CANN Forecast

La jeune pousse emploie d’ailleurs maintenant quatre femmes, sur un total de sept employés.

Les femmes représentent aussi plus de 50 % des étudiants de l’Université Concordia dans les programmes de cycles supérieurs.

« Il y a une majorité de femmes en sciences de la vie, un domaine où on voit une explosion de start-up, alors c’est normal que cela se reflète dans nos entreprises », affirme Xavier-Henri Hervé, cofondateur et directeur de District 3.

De plus, 81 % des jeunes pousses de District 3 ont au moins un cofondateur immigrant.

« La diversité amène l’innovation, affirme M. Hervé. C’est pour cette raison aussi que nous prenons très rarement des entrepreneurs en solo. Nous cherchons des équipes complémentaires. »

Encore du chemin à faire

Malgré ces avancées, il reste du chemin à faire pour créer un terreau fertile pour les femmes dans les incubateurs. Le Founder Institute de Montréal participe aux projets mis sur pied par son réseau mondial pour augmenter la participation des femmes. Il offre notamment des bourses. Toutefois, ses mentors sont en grande majorité des hommes. Si la cohorte de finissants de 2017 a réussi à atteindre 54 % de femmes à la tête des entreprises, elles étaient 25 % dans la cohorte cette année.

« Ce n’est pas facile, malgré les efforts », affirme Sergio Escobar, directeur du Founder Institute de Montréal.

À l’Accélérateur de création d’entreprises technologiques (ACET) de l’Université de Sherbrooke, on peine aussi à attirer des entrepreneures. De son ouverture en 2011 à 2018, 85 entreprises technologiques en démarrage ont été accompagnées, dont 7 étaient dirigées par une femme.

« Nos entrepreneurs viennent principalement du génie, mais aussi des sciences et de la santé et c’est certain que nous sommes un peu tributaires de la proportion de femmes qu’on retrouve dans ces programmes », affirme Ghyslain Goulet, directeur général de l’ACET qui compte une équipe de coachs complètement masculine et seulement deux femmes dans son conseil d’administration.

L’ACET se réjouit toutefois de voir que cette année, sur 11 projets sélectionnés sur la centaine reçue, trois sont portés par des femmes.

« Nous sommes convaincus que ces femmes deviendront nos meilleures ambassadrices, affirme M. Goulet. Nous allons leur demander de nous accompagner dans les tournées des facultés pour promouvoir l’entrepreneuriat. »

50-50

La parité est atteinte chez les nouveaux entrepreneurs québécois depuis 2017. Les intentions d’entreprendre des femmes sont aussi en train de rattraper celles des hommes, avec 17 % comparativement à 22 % alors qu’il y a quelques années, l’écart était de plus de 10 points de pourcentage. Plus globalement au Québec, on retrouve 41 % de femmes parmi les propriétaires d’entreprises.

Source : L’Indice entrepreneurial 2018 de la Fondation de l’entrepreneurship