Les 18-25 ans n’ont plus d’excuse. Toutes les pièces du puzzle sont en place pour se bâtir un patrimoine financier. Passez le mot à votre entourage.

L’emploi ne manque pas, les salaires augmentent plus vite que le coût de la vie et l’épargne est devenue non imposable grâce au compte d’épargne libre d’impôt (CELI).

En prenant tôt de bonnes habitudes d’épargne, les adultes de la génération Z (nés de 1995 à 2001), qu’ils soient aux études ou sur le marché du travail, sont en mesure de se bâtir un pécule qui leur servira tantôt à l’achat d’une première maison malgré l’inflation immobilière, tantôt à faire le tour du monde, tantôt à profiter d’une retraite hâtive. Mode d’emploi.

1. Limiter les dépenses

« Les entreprises sont passées maîtres dans l’art de te faciliter la dépense par l’envie et le désir. Il ne faut pas tomber en amour avec le plastique [carte de crédit] et préférer le papier [argent], dit Sébastien St-Hilaire, conseiller en placements chez Valeurs mobilières Desjardins, au sein de l’équipe Leblanc Martineau St-Hilaire.

« Pour un jeune, montrer une dette de 5, 10, 20 000 $ sur ses cartes de crédit à du 20 % d’intérêt, c’est compromettre sa capacité plus tard à devenir propriétaire, par exemple », met-il en garde. Le conseiller suggère aux jeunes de gagner 2 $ avant de dépenser 1 $. Si le jeune habite en ville ou en première couronne, il lui recommande de reporter à plus tard l’achat d’une voiture.

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Sébastien St-Hilaire, conseiller en placements chez Valeurs mobilières Desjardins

2. Épargner

Combien doit-on épargner au juste ? La règle budgétaire du 50-20-30 veut que 50 % du revenu serve aux dépenses de base (loyer, nourriture, transport), 20 % à l’épargne et au remboursement des dettes et 30 % aux dépenses discrétionnaires. Pour Bernard Mooney, auteur d’Investir en Bourse et s’enrichir, un objectif de 5 à 10 % d’épargne lui paraît plus réaliste.

3. Combien ?

Un jeune qui travaille 15 heures par semaine pendant ses études au salaire minimum gagne environ 800 $ par mois. Son épargne mensuelle variera entre 80 $ (pour un taux d’épargne de 10 %) et 160 $ (pour un taux de 20 %). À l’autre bout du spectre, le jeune travailleur à temps plein qui demeure encore chez ses parents peut se fixer l’objectif de mettre 500 $ de côté chaque mois et ainsi verser le maximum annuel permis dans un compte d’épargne libre d’impôt (CELI).

4. Ouvrir un CELI

Le compte d’épargne libre d’impôt est un véhicule qui permet à un Canadien de 18 ans et plus d’accumuler des sous à l’abri de l’impôt. La cotisation annuelle maximale est fixée à 6000 $ par an en 2019. Les droits de cotisation inutilisés sont cumulatifs. Les cotisations ne donnent pas droit à une déduction fiscale, mais les retraits sont non imposables.

5. Outil flexible et puissant

« Un jeune de 18 ans cotise à son CELI régulièrement, donne en exemple Sylvain Lapointe, fiscaliste et conseiller en investissement inscrit auprès de Valeurs mobilières Peak, à Brossard. Quand vient le temps d’acheter une première maison, il transfère en deux ou trois ans les sommes du CELI au REER et encaisse les retours d’impôt, ce qui augmentera sa mise de fonds. » À l’achat, il retire jusqu’à 35 000 $ de son REER en franchise d’impôt dans le cadre du régime d’accession à la propriété (RAP).

Un jeune qui avait 18 ans à la création du CELI a le droit d’y cotiser jusqu’à 63 500 $. Avec les rendements, le solde excède souvent cette limite. « J’ai déjà vu un CELI de 250 000 $ », témoigne M. Lapointe.

6. Investir dans quoi ?

Dans quoi investir ? Pour un jeune dont l’horizon de placement est lointain (huit ans ou plus), il gagne, selon M. Lapointe, à investir périodiquement l’argent dans des actions, des fonds négociés en Bourse (FNB) ou des fonds communs d’actions, dont les perspectives de rendement à long terme restent supérieures à celles des obligations. « La clé en Bourse, c’est d’y garder ton capital longtemps et de choisir le moment où tu vends », soutient M. Mooney.

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Bernard Mooney, auteur d’Investir en Bourse et s’enrichir

7. Achats périodiques, une assurance en cas de krach

Mais que se passe-t-il si la Bourse plante dans six mois ou un an ? Notre investisseur qui est à la Bourse pour le long terme doit prendre son courage à deux mains, insiste Bernard Mooney, et continuer d’investir une somme régulière. De cette façon, il s’assure d’acheter plus d’actions lorsque les prix baissent et moins lorsqu’elles deviennent chères. Les achats périodiques se comportent souvent mieux en marchés baissiers parce qu’ils contribuent à atténuer les effets de la chute du prix des actions.

8. Fonds communs…

Sébastien St-Hilaire suggère aux jeunes de rencontrer un conseiller à leur institution financière et de lui demander sa recommandation pour un ou deux fonds communs d’actions, même si leurs frais sont plus élevés que les FNB, comme un fonds équilibré mondial intégrant des critères environnement, société et gouvernance (ESG) de la famille SociéTerre. Agir ainsi constitue une garantie que le jeune ne spéculera pas sur un coup de tête en achetant le dernier titre de pot à la mode, selon M. St-Hilaire. « Une erreur d’investissement quand on est jeune peut venir modifier nos comportements et notre tolérance au risque pour longtemps », prévient-il.

9. … ou FNB

MM. Mooney et Lapointe recommandent aux jeunes d’ouvrir un compte chez un courtier à escompte et de se procurer des FNB indiciels. « Si tu n’es pas passionné de la Bourse, tu ne devrais pas acheter des titres individuels de façon active », avance Bernard Mooney. Au jeune investisseur passif, il recommande un FNB reproduisant l’indice S&P 500 (un exemple parmi d’autres : ZSP de BMO) et un autre qui copie le TSX (par exemple : XIC de BlackRock). « Tu as besoin de deux titres dans ton portefeuille. That’s it, that’s all. »

De son côté, M. Lapointe suggère le FNB mondial XWD d’iShares et le XSP, qui copie l’indice S&P 500.

10. À quoi le jeune peut-il s’attendre ?

Sylvain Lapointe a calculé pour les lecteurs de La Presse qu’un jeune de 18 ans investissant le maximum annuel permis dans son CELI dans des FNB indiciels dont le rendement espéré est de 5,5 % par an aura amassé 124 000 $ à 30 ans ; 316 000 $ à 40 ans et 655 000 $ à 50 ans. Quant au million, il deviendra réalité à 57 ans, soit en 2058.

Un million dans un CELI donne une rente de 40 000 $ par année non imposable sans jamais toucher au capital.