Financement, soutien, aide à la formation… La campagne électorale fédérale bat son plein, et les PME du Québec ont, elles aussi, une liste de priorités auxquelles elles voudraient que le prochain gouvernement s’attaque. Voici comment on pourrait les aider à favoriser leur croissance.

Selon la directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx, l’enjeu majeur des PME est leur compétitivité. « Il faut d’une part hausser leur productivité, et donc stimuler l’investissement dans les entreprises, et d’autre part, s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre qui touche tous les secteurs », explique-t-elle.

Mme Proulx déplore que les investissements en capital des entreprises dans les cinq dernières années n’aient augmenté que de 8 % au pays, alors que ce chiffre s’élève à 28 % aux États-Unis. « Notre retard de productivité ne fait que s’accélérer. »

Financement et main-d’œuvre

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) propose des mesures concrètes pour favoriser la croissance des PME en faisant face au défi de la main-d’œuvre. Elle suggère notamment d’accorder un congé de cotisation à l’assurance-emploi aux employeurs qui recrutent des jeunes de 15 à 24 ans.

Elle recommande également l’établissement d’un crédit d’impôt pour la formation.

Les PME sont souvent le terrain d’apprentissage sur le marché du travail et il n’y a pas de mécanisme fiscal qui les encourage à continuer. Un crédit d’impôt pour la formation d’apprentis aiderait aussi. Et il y a évidemment beaucoup de travail à faire concernant l’immigration.

Véronique Proulx, directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec

MEQ et la FCEI pressent le prochain gouvernement de mettre à jour ses politiques en la matière. « Le Programme des travailleurs étrangers temporaires compte de très longs délais. Il y a trop de contrats qui sont ratés, trop d’investissements qui ne se réalisent pas parce qu’on n’a pas les travailleurs pour répondre à la demande », déplore Simon Gaudreault, directeur principal de la recherche nationale pour la FCEI. MEQ propose pour sa part d’éliminer la règle des 10 % de travailleurs à bas salaires par usine et de prolonger de 12 à 24 mois leur visa.

Plus de formation ?

Diff, une firme de 105 employés spécialisée dans le commerce électronique, connaît une croissance impressionnante. La PME, qui occupe le 21e rang du classement Growth 500 de Canadian Business, a doublé d’effectifs et de revenus chaque année au cours des huit dernières années. Ses revenus se chiffrent aujourd’hui entre 10 et 20 millions.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Reda Magani, chef des opérations et financier de Diff

Ce champion de la croissance, qui travaille tant avec de petites entreprises qu’avec des multinationales, estime que l’éducation est un moyen simple de faire croître les PME. « On doit donner plus d’accès à l’éducation en offrant des subventions. Avoir une main-d’œuvre plus compétente permettrait aux PME de trouver des talents ici et non ailleurs », avance le chef des opérations et financier Reda Magani.

Plus de soutien aux entrepreneurs

Au-delà du financement, l’accompagnement des entrepreneurs semble faire cruellement défaut. « Quand on dirige une PME de 100 employés en Mauricie, on a plein de projets, mais on manque de ressources et de temps. On nous pousse à prendre le virage 4.0, mais on ne nous dit pas comment », illustre Véronique Proulx.

On doit aussi s’assurer que les mesures gouvernementales s’appliquent aux PME. « Trop souvent, ce ne sont pas les plus petites firmes qui réussissent à y accéder parce que les dossiers sont tellement complexes à monter que ça prend l’aide de spécialistes », constate Simon Gaudreault. Les programmes destinés aux PME mériteraient d’être plus connus, la procédure et les bénéfices potentiels aussi. Il reste à voir si le prochain gouvernement sera à l’écoute.