Dans les programmes de MBA et de MBA pour cadres, les études de cas sont incontournables pour permettre aux étudiants de réaliser des apprentissages ancrés dans la réalité des entreprises. Certains programmes réalisés à temps partiel avec des étudiants qui sont en emploi misent sur des enjeux qu’ils vivent eux-mêmes dans leur milieu de travail. D’autres choisissent des cas, classiques et récents, dans des catalogues. Coup d’œil sur les deux approches.

À la fin de la décennie 1990, Nokia était la plus grande entreprise de téléphones cellulaires. Son modèle 1100, sorti en 2003, demeure le téléphone le plus vendu dans le monde avec pas moins de 250 millions d’appareils. L’exploit s’est répété avec le modèle suivant en 2005. Puis, en 2007, l’iPhone est arrivé sur le marché. Ensuite, Samsung a pris du galon. Petit à petit, Nokia s’est écroulée.

« Nokia était vraiment au sommet et l’entreprise, trop occupée à réussir, a connu une chute spectaculaire parce qu’elle n’a pas été en mesure de voir les changements qui s’opéraient sur le marché », raconte Ehsan Derayati, professeur au MBA et au MBA pour cadres à l’École de gestion John Molson de l’Université Concordia.

Nokia est l’un des cas chouchous du professeur, qui le reprend année après année. Il présente aussi toujours plusieurs nouveaux cas qu’il trouve dans le catalogue Harvard Business Publishing Education, qui regroupe une grande quantité de cas rédigés aux quatre coins du monde.

« C’est le Netflix des cas », précise le professeur en riant.

Parfois, il va chercher dans des thématiques actuelles incontournables, comme l’intelligence artificielle. Ou encore, les plateformes qui mettent en relation des acheteurs et des vendeurs de biens et de services, comme Etsy, Uber et Airbnb.

« Le monde des affaires est dynamique, alors l’enseignement doit l’être aussi, affirme Ehsan Derayati. Les cas permettent de se pencher sur les grandes tendances du monde des affaires et sur les problèmes concrets rencontrés. »

En stratégie, les cas incluent généralement plusieurs dimensions, comme les finances, les opérations, le marketing, les ressources humaines, et ils permettent de couvrir environ 70 % de la matière enseignée. C’est majeur.

Ehsan Derayati, professeur au MBA et au MBA pour cadres à l’École de gestion John Molson de l’Université Concordia

Lorsque les cas viennent des étudiants

Au MBA pour cadres de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM, l’approche est complètement différente. Alors que les étudiants occupent déjà un poste de gestionnaire, ce sont eux qui mettent de l’avant des cas vécus dans leur entreprise.

« Les étudiants travaillent donc sur un cas réel qui provient d’un membre de l’équipe et qui est lié à la problématique étudiée », explique Guy Cucumel, directeur du MBA pour cadres à l’ESG UQAM.

Parfois, les étudiants travaillent sur le même cas dans deux cours différents.

« Par exemple, ils font en même temps un cours en ressources humaines et un cours en technologies de l’information, alors les étudiants doivent faire un travail commun avec une étude de cas qui coiffe les deux sujets », précise-t-il.

Si les étudiants ont l’impression que leurs efforts pourront vraiment servir à quelque chose, c’est aussi une façon pour l’ESG UQAM d’obtenir l’appui des employeurs.

« Pour eux, c’est comme avoir des services de consultation gratuitement, affirme M. Cucumel. Ils sont d’ailleurs invités à assister au dernier cours, où les étudiants présentent leurs travaux. Cette approche a aussi l’avantage de permettre à l’étudiant de se mettre rapidement en valeur auprès de son employeur plutôt que d’attendre à la fin du programme de MBA. »