Les fondateurs d'ALTE parlent d'ingénierie durable, d'agriculture de proximité et d'efficacité énergétique des bâtiments comme d'autres pourraient le faire. Pourtant, une nuance s'impose : ils ont créé la première coopérative d'ingénieurs au Québec, en janvier 2018.

À la base, ils étaient huit diplômés de l'École de technologie supérieure (ETS) et de Polytechnique désirant lancer un service de génie-conseil qui proposerait une solution de rechange aux firmes traditionnelles. « Avec la situation environnementale actuelle, on croit que tout le monde devrait contribuer individuellement et collectivement », souligne Gabriel Hébert-Maheu, l'un des fondateurs.

« On souhaite avoir un impact avec nos projets, complète le cofondateur Marc-Antoine Meilleur. Notre objectif est aussi de réinvestir nos profits dans la recherche, le développement et des projets communautaires, plutôt que de les redistribuer à des actionnaires. »

GUIDÉS PAR LA BOUSSOLE ENTREPRENEURIALE

Avec leurs collègues, ils ont passé en revue chaque question de la boussole entrepreneuriale, un site internet permettant de comprendre le type d'entreprise qui leur convient. Très vite, le modèle de coopérative de travailleurs s'est imposé. « Avant de lancer ALTE, on a organisé plusieurs rencontres pour clarifier nos valeurs et notre vision, explique M. Hébert-Maheu. Certaines personnes sont parties. C'était important de clarifier où l'on allait. »

Pour consulter la Boussole entrepreneuriale, cliquez ici. 

Supervisés dans la constitution de leur coopérative par le Réseau coop, les ingénieurs ont suivi plusieurs ateliers sur la structure atypique de leur organisation, l'élaboration d'un plan d'affaires, la gestion des finances, la régie interne et la façon de gérer les imprévus.

L'UNION FAIT LA FORCE

Depuis qu'ils sont passés de la théorie à la pratique, tous s'entendent pour dire que plusieurs cerveaux valent mieux qu'un. « Selon nous, prendre une décision en considérant l'avis de tous, c'est mieux », dit M. Meilleur.

« Notre modèle circulaire nous aide aussi dans la gestion, puisqu'on redistribue les tâches de gestion. Chacun se sent impliqué dans l'entreprise. En tant que jeunes travailleurs, c'est important pour nous d'atteindre une équité de travail selon les capacités de tous. »

- Marc-Antoine Meilleur

Possédant un large éventail de compétences en ingénierie, les membres d'ALTE se concentrent sur les projets de petite et moyenne envergure avec des particuliers, des PME, des OSBL et quelques grandes entreprises.

Miser sur l'esprit de collaboration

En plus de miser sur un fonctionnement résolument collaboratif avec leurs clients, ils privilégient une gestion très humaine à l'interne. « Contrairement à certaines firmes de génie-conseil traditionnel dans lesquelles les personnes peuvent se sentir comme des numéros, en étant embauchées le temps d'un contrat et mises de côté ensuite, la coop crée un sentiment d'appartenance, souligne M. Meilleur. On pense que notre façon de nous investir dans notre organisation change complètement la qualité de notre travail. »

Pourquoi n'y a-t-il pas eu de coop d'ingénieurs avant ? « Probablement par manque de connaissances sur les coops, avance M. Hébert Maheu. On en discute très peu dans les écoles d'ingénierie. Mais quand j'en parlais durant mes stages, plusieurs ingénieurs trouvaient ça très intéressant comme modèle. »