Cet outil, dont peu de gens croyaient qu'il serait vraiment porteur il y a à peine une quinzaine d'années, occupe maintenant une place primordiale dans la gestion de portefeuille des particuliers, et aussi des institutions financières. Bien au-delà du fait qu'ils sont moins onéreux que les fonds communs de placement, les fonds négociés en Bourse (FNB) s'avèrent de plus en plus indispensables à ceux qui entendent optimiser la gestion de leur portefeuille. Des experts nous expliquent comment.

LES ACTIFS DE BASE

Un portefeuille bien équilibré repose d'abord sur un certain nombre d'actifs qui formeront la charpente et qui seront ensuite entourés d'actifs satellites, explique Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuilles chez Peak Gestion privée. Par exemple, le marché boursier américain est généralement un incontournable à titre de composante de base. Et la meilleure façon de combler ce besoin est de détenir un FNB qui reproduit l'indice S&P 500. Le fonds SPY est le plus gros et le plus connu, mais il existe de nombreuses versions, dont certaines offrent une protection contre les fluctuations de la devise. Du côté de la Bourse canadienne, le fonds XIU permet à l'investisseur de détenir l'indice S&P/TSX 60, composé des 60 principales sociétés canadiennes.

LES POSITIONS SATELLITES

Il existe actuellement plus de 500 FNB au Canada qui totalisent 135 milliards d'actifs sous gestion.

Depuis 12 mois, la croissance a été de 26 %. Ils sont plus de 2000 aux États-Unis. Il y en a donc pour tous les goûts, et à peu près aucun secteur n'est oublié.

Les FNB deviennent donc un outil puissant de diversification pour bâtir les positions satellites du portefeuille. Entre autres, ils peuvent combler les besoins des investisseurs pour des titres moins liquides, tels les titres de petite capitalisation. Par exemple, le fonds IJS reproduit le rendement de l'indice S&P SmallCap 600.

« En détenant autant de titres à la fois, on peut réduire considérablement le risque tout en captant le rendement de cette classe d'actifs », dit Hélène Gagné.

TRANSPARENCE ET COÛT

L'un des attraits des FNB pour les investisseurs individuels réside dans le fait qu'ils sont transparents.

Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille chez Gestion Privée Peak. Photo: Simon Giroux, La Presse

Cela veut dire que l'on connaît en tout temps la composition du fonds, sa valeur et le prix auquel il se négocie, explique Laurent Blanchard, président de Banque Nationale Courtage direct. 

Mais les coûts en sont aussi bien moindres. Les frais de gestion vont varier de seulement 0,05 % jusqu'à 0,75 % dans la majorité des fonds. Cela se compare à des frais pouvant atteindre de 2 % à 3 % pour les fonds communs. À cela s'ajoutent les commissions à l'achat et à la vente de FNB puisqu'il s'agit de transactions boursières, mais elles sont vraiment très basses. 

« Chez nous, on ne facture plus aucune commission pour les transactions de FNB », dit Laurent Blanchard.

FNB CONTRE FONDS COMMUNS

Est-ce à dire que les FNB devraient remplacer les fonds communs comme véhicule d'investissement privilégié des individus ? « Nul doute qu'à cause des coûts et de la flexibilité, les FNB exercent une pression énorme sur l'industrie des fonds communs », dit Hélène Gagné. Et c'est sans compter que ces facteurs ne peuvent que plaire aux milléniaux. 

Toutefois, les actifs sous gestion dans les fonds communs sont pour l'instant près de 10 fois plus importants que dans les FNB. 

« L'industrie des FNB ne constitue pas encore une menace à celle des fonds communs, mais celle-ci doit quand même s'adapter à cette réalité », dit Laurent Blanchard.

UN RISQUE SYSTÉMIQUE

Certains commentateurs et analystes financiers émettent l'idée qu'avec la popularité grandissante de la gestion passive, l'accumulation de capitaux dans les FNB indiciels a pour effet de gonfler la valeur boursière et pourrait être à terme la cause d'un recul boursier majeur. Mais il n'en est rien, selon Laurent Blanchard. 

Il y aura bien une correction boursière importante un jour, mais elle sera conjoncturelle, c'est-à-dire liée à des développements économiques ou géopolitiques, et non pas à des déséquilibres causés par l'évolution des FNB, selon lui. 

« Il y a 50 ans, à leurs débuts, on craignait aussi que les fonds communs puissent constituer un risque pour le monde de l'investissement », rappelle Hélène Gagné. « Mais ce ne fut pas le cas, et il en sera de même pour les FNB », conclut-elle.

Laurent Blanchard, président de Banque Nationale Courtage direct. Photo: EMBA McGill-HEC