Seules 15,6% des petites et moyennes entreprises ont un actionnariat majoritairement féminin, selon le Réseau des femmes d'affaires du Québec (RFAQ). Dans l'espoir d'encourager un plus grand nombre de femmes à lancer leur entreprise, le gouvernement canadien vient de créer le Conseil consultatif sur les entrepreneures et dirigeantes d'entreprises.

Un vent de renouveau arrive d'Ottawa, selon la présidente du RFAQ, Ruth Vachon. « La ministre du Travail et de la Condition féminine, Kellie Leitch, est très proactive. C'est elle qui a lancé l'initiative pour savoir où en sont les femmes entrepreneures et comment on peut les aider. Au Québec, dernièrement, on a réuni 25 femmes entrepreneures pour qu'elles échangent des solutions pour faire croître leurs entreprises et qu'elles s'expriment sur les principaux défis. »



Actuellement, l'un des plus grands défis concerne l'accès au marché, alors que les entreprises gérées par des femmes représentent 2 % des achats des chaînes d'alimentation des grandes entreprises. « On ne dit pas de prendre des entreprises de femmes à tout prix, mais on suggère de s'inspirer de ce qui se fait aux États-Unis », précise Mme Vachon.



« Le gouvernement américain encourage un géant comme Costco à sortir de sa chaîne habituelle pour s'approvisionner auprès de 5 % d'entreprises dirigées par des minorités. Si Costco n'atteint pas l'objectif, elle ne sera pas pénalisée, mais elle va recevoir un fichu de beau chèque en réussissant. »



Le RFAQ ne souhaite pas une loi québécoise à ce sujet, mais une mesure du Conseil du trésor. « J'ai discuté avec le premier ministre Philippe Couillard et il m'a dit qu'il était prêt à ajouter deux points supplémentaires aux entreprises appartenant à des femmes, dans l'évaluation d'une soumission pour des contrats publics, à qualité et prix égaux, explique Mme Vachon. Personnellement, j'en voudrais 15, mais tout ce qui est plus de zéro est un pas en avant. »



Les premiers pas

Les mesures pour soutenir les femmes sont louables, mais encore faut-il que ces dernières désirent vivre l'expérience entrepreneuriale. «Il y a encore du rattrapage à faire, mais les choses tendent à changer, souligne Christian Bélair, président des Jeunes Chambres de commerce du Québec. On voit de plus en plus de femmes dans nos événements, et les modèles de réussite sont plus nombreux.»

Quatre nouvelles entreprises sur cinq sont créées par des femmes. Sondage international mené par Gestion de patrimoine TD en 2012.

Selon M. Bélair, il est faux de croire que le désir d'avoir une famille empêche les femmes de se lancer en affaires. «Le congé de maternité est souvent une période de remise en question, où les femmes trouvent de nouvelles idées, qui font émerger de nouvelles entreprises. Dans les galas de récompenses, les entrepreneurs expriment régulièrement leur fierté d'avoir une famille avant de parler des succès de leur compagnie. Ils tiennent toujours à rappeler que les deux réalités peuvent se marier.»

Un constat partagé par Ruth Vachon, elle-même entrepreneure pendant plus de 15 ans. «Au départ, on est un peu moins riche en argent, mais très riche en flexibilité. On peut faire ce qu'on veut de notre temps et de nos idées. J'avais une entreprise basée à Montréal et au Saguenay, mais je n'ai jamais senti que je brimais ma famille. Mes enfants m'ont dit que j'étais toujours présente, même si je restais parfois deux semaines sur trois à Montréal. Il y a des façons créatives de s'organiser.»

Par rapport aux hommes, les femmes sont moins tolérantes au risque, elles se lancent en affaires plus tard et dirigent des entreprises plus petites. Mais les comparaisons ne sont pas que désavantageuses.

Lors des événements internationaux, les entrepreneures québécoises sortent du lot. Comme ce fut le cas en juin dernier à Philadelphie, lors d'une mission commerciale réunissant 3000 entreprises issues de 47 pays. «J'ai accompagné une vingtaine de femmes d'affaires du Québec, et les gens savaient qu'on était là, affirme la présidente du RFAQ. Par-dessus tout, les Québécoises arrivent bien préparées. Elles savent qui rencontrer, pourquoi et comment les aborder. Après notre mission commerciale, nous avons eu 20 ententes concluantes avec des entreprises américaines.»