Le Régime volontaire d'épargne-retraite (RVER) a été lancé le 1er juillet et déjà quelques entreprises et travailleurs autonomes ont commencé à y adhérer. Mais l'arrivée de ce nouvel outil de retraite se veut beaucoup plus importante que le simple ajout d'un autre compte d'épargne-retraite.

Le moment sera idéal pour les entreprises de profiter de l'obligation qu'ils auront de créer un RVER et d'amorcer une réflexion sur l'ensemble des avantages sociaux dont bénéficient leurs employés, explique Éric Filion, vice-président Épargne-retraite collective chez Desjardins. «L'entreprise pourra faire beaucoup plus que de simplement répondre à l'obligation de créer un RVER», dit-il.

Déjà, on discerne deux types de clients pour le RVER, explique Renée Laflamme, vice-présidente, Épargne et retraite collectives chez l'Industrielle Alliance. Ceux qui veulent simplement se conformer à la loi et les autres qui regardent toutes les options. «Ces derniers sont nombreux à communiquer avec nous afin de s'informer à la fois du RVER et des autres possibilités», dit-elle. Le RVER s'adresse aux entreprises qui n'offrent rien d'autre en termes de fonds de retraite à leurs employés.

Rappelons les modalités

Toutes les entreprises employant au moins cinq personnes de 18 ans et plus seront forcées de mettre en place un RVER auprès d'une institution financière (administrateur autorisé) s'il n'offre aucun régime enregistré d'épargne-retraite (REER) ou compte d'épargne libre d'impôt (CELI) pour lequel une retenue sur le salaire pourrait être effectuée, ou un régime de pension agréé.

Les entreprises visées par la loi devront offrir un RVER au plus tard le 31 décembre 2016 s'ils ont 20 employés ou plus à leur service au 30 juin 2016. Les entreprises ayant 10 à 19 employés en date du 30 juin 2017 auront jusqu'au 31 décembre 2017 pour se conformer à la loi. La date de mise en place demeure à déterminer pour les entreprises de 5 à 9 employés, mais elle ne peut pas être antérieure au 1er janvier 2018.

L'employeur a la responsabilité de choisir un RVER offert par un administrateur autorisé et d'en informer ses employés Il devra ensuite les inscrire, prélever leurs cotisations et les remettre à l'administrateur du RVER.

L'employé pourra déterminer combien il veut cotiser, mais un taux de cotisation par défaut est prévu, soit 2% du salaire brut jusqu'à la fin de 2017. Ensuite, le taux par défaut passe à 3% en 2018 et à 4% à partir de 2019. L'employé devra également choisir entre cinq options d'investissement pour les fonds qu'il cotisera, mais, encore là, une option pas défaut est offerte, soit un fonds équilibré cycle de vie.

L'employeur peut cotiser au RVER de ses employés sur une base volontaire. L'employé peut quant à lui décider de ne pas participer, car il s'agit d'un régime volontaire, comme son nom l'indique. Mais il doit lui-même faire la démarche auprès de l'administrateur pour se retirer. Dans d'autres pays offrant un régime similaire, seulement 20% des participants décident de se retirer.

Donc, l'employeur met en place la structure, décide ou non s'il cotisera, alors que l'employé est automatiquement inscrit et devient participant au régime, tout en conservant l'option de se retirer en tout temps et en récupérant les sommes qu'il aura souscrites.

En faire plus

La mise en place d'un RVER sera une belle occasion pour les employeurs de se questionner pour savoir s'ils veulent en faire plus pour leurs employés, explique Éric Filion. «L'employeur pourra décider de contribuer au RVER de ses employés, ou encore aller plus loin et instaurer un régime de retraite auquel il contribuera, dit-il. De plus, l'occasion sera intéressante pour l'employeur de déterminer le rôle qu'il veut jouer dans la prise de conscience de ses employés devant toute la question de la retraite.»

Dans le processus de mise en place du RVER, les employeurs auront l'occasion d'analyser les avantages d'une participation de leurs parts au RVER, croit Renée Laflamme. Le régime offre-t-il un outil intéressant de rétention du personnel, selon elle? «La participation de l'employeur peut certainement constituer un incitatif pour les employés», dit-elle.

Bien qu'il n'y ait aucune obligation avant le 31 décembre 2016, Mme Laflamme recommande aux employeurs qui ne l'ont pas encore fait d'entreprendre le processus de réflexion dès maintenant. «Ils doivent se donner le temps de faire la bonne chose et non pas d'attendre à la dernière minute et de précipiter leur décision», dit-elle.

À ce jour, 10 institutions financières se sont inscrites auprès de la Régie des rentes du Québec et offrent un RVER. On prévoit que ce nombre augmentera au cours des prochains mois. Des entreprises ont déjà entamé les démarches menant à la mise en place d'un RVER. La Presse+ vous présentera quelques cas au cours des prochaines semaines.