Les projets ne manquent pas dans cette ville de la Rive-Sud. Que ce soit chez les commerçants, les entreprises manufacturières, voire les concessionnaires automobiles, la croissance est au rendez-vous. Nouvelles en vrac sur le développement économique de cette banlieue multiethnique qui est tout sauf une ville-dortoir. Un reportage de notre collaborateur Stéphane Champagne.

Nouvelles installations pour Distech Controls

Grâce à de nouveaux investisseurs qui ont injecté 38 millions dans l'entreprise il y a 2 ans, Distech Controls vient de s'offrir de nouvelles installations à Brossard pour 6,5 millions. Ce faisant, la PME de 150 employés, qui fabrique des contrôleurs et des logiciels qui réduisent la consommation énergétique des bâtiments, est prête à passer à l'attaque. Grâce au soutien financier notamment de la Caisse de dépôt et placement, de Samsung et du Fonds de solidarité FTQ, la PME québécoise veut mettre au point de nouvelles technologies, faire des acquisitions et conquérir de nouveaux marchés. «Malgré nos nouveaux produits, nos nouveaux marchés et l'acquisition prochaine d'un joueur-clé, notre principal défi est de faire connaître notre technologie», explique Étienne Veilleux, président et fondateur de Distech Controls, dont le chiffre d'affaires annuel oscille entre 50 et 75 millions.

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Étienne Veilleux est président et fondateur de Distech Controls, dont les ventes annuelles oscillent entre 50 et 75 millions.

Près de 100 millions chez les concessionnaires auto

Brossard mérite plus que jamais le titre de ville de l'automobile. Au cours des dernières années, les concessionnaires de l'endroit y ont injecté entre 75 et 100 millions dans la rénovation et la construction de nouvelles installations. À lui seul, le Groupe Park Avenue, dont 10 des 18 concessions autos sont situées à Brossard, a investi près de 50 millions en immobilisations, explique Norman Hébert, président. Brossard Chevrolet et Brossard Cadillac ont investi de 10 à 20 millions dans la construction d'une des plus grandes salles d'exposition (650 voitures) au Canada. Montmorency Ford a, quant à lui, injecté des millions dans sa concession Ford de Brossard, l'une des plus importantes en Amérique du Nord. Avec ses 24 concessionnaires automobiles dans un rayon d'environ 1 kilomètre sur la portion du boulevard Taschereau au sud de l'autoroute 10, Brossard rassemble la plus forte concentration du genre au pays.

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Norman Hébert, président du Groupe Park Avenue qui, à lui seul, a investi près de 50 millions en immobilisations dans ses 10 concessionnaires automobiles à Brossard.

Cédarome ne veut pas vendre

Malgré plusieurs offres d'achat, la PME Cédarome n'est pas à vendre. «C'est tentant, mais je ne veux pas voir mon entreprise déménager à l'étranger ni en perdre le contrôle. Je cherche plutôt à construire ma propre usine. Et puis, mes employés, c'est ma famille», explique l'avocat Pierre Trahan, président et fondateur de Cédarome. La PME de 45 employés est aujourd'hui une référence mondiale dans le secteur des huiles essentielles destinées aux secteurs pharmaceutique, alimentaire et cosmétique. L'entreprise produit ses propres huiles à partir de conifères qui poussent au Québec. Autrement, elle s'approvisionne aux quatre coins du monde pour ses autres huiles essentielles. L'une des forces de Cédarome, dont les revenus avoisinent les 50 millions, réside dans l'assemblage des huiles à des fins précises. «Quand les entreprises ont un problème, elles nous appellent à la rescousse», dit Pierre Trahan qui, ironiquement, s'était fait refuser un prêt de 5000$ par sa banque lorsqu'il a fondé son entreprise, en 1984.

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Pierre Trahan, président et fondateur de Cédarome. 

Un autre hôtel au DIX30

En plus des deux nouveaux complexes de bureaux annoncés au Quartier DIX30, nous avons appris qu'un deuxième hôtel y verra le jour à moyen terme. Selon Éric Foster, vice-président de CarbonLéo, promoteur de ce secteur commercial, l'hôtel sera aménagé aux étages supérieurs d'un complexe de bureaux de quatre étages en bordure de l'autoroute 10, à côté du magasin Walmart. Le nom de l'exploitant de l'hôtel n'est pas encore connu. Le premier immeuble de bureaux (également de quatre étages) est actuellement en construction dans la partie sud du site, soit derrière l'hôtel Alt et la salle de spectacle L'Étoile. Ces investissements ne peuvent que réjouir la Ville de Brossard. «Nous voulons développer le créneau des espaces de bureaux. Après Montréal, nous sommes la ville où il s'est créé le plus d'espaces de bureaux ces dernières années», se félicite Mario Verville, directeur au service de l'urbanisme.

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Éric Foster, vice-président de CarbonLéo, devant l'une des deux nouvelles tours à bureaux du Dix30.

Trop chers, les terrains industriels?

Malgré la présence d'entreprises manufacturières de qualité, Brossard n'a jamais été un grand pôle industriel. Et il n'est pas en voie de le devenir. Toutefois, les entreprises qui veulent s'y établir ou celles qui sont déjà présentes et qui voudraient y aménager de nouvelles installations devront être prêtes à allonger les billets. Selon ce que nous avons appris, les rares terrains industriels disponibles à Brossard sont tout simplement trop chers. «La plupart des terrains appartiennent à une poignée d'investisseurs, bien souvent des fonds d'investissement, qui ne veulent pas vendre, mais plutôt louer afin d'avoir des revenus récurrents», nous ont confié des chefs d'entreprise sous le couvert de l'anonymat.

Des investissements en baisse

Après des années fastes, les investissements en immobilisations à Brossard ont quelque peu ralenti en 2013. De 305 millions en 2011 et 2012, la valeur des permis de construction (résidentiels et commerciaux) a chuté à 107 millions en 2013. «Cette baisse s'explique par la forte activité des dernières années et par le fait que le marché est en train d'absorber les récents investissements. Tout indique toutefois que 2014 sera meilleur que 2013», explique Mario Verville, directeur du service d'urbanisme à la Ville de Brossard. Selon lui, la valeur des permis délivrés ne représente que 30% de la valeur réelle des projets. Résultat, les investissements dans les secteurs industriel et commercial ont malgré tout atteint plus de 500 millions en 2013.

Le terminus Panama appelé à changer

Il ne paie pas de mine avec son asphalte craquelé, ses vieux abribus et sa clôture à mailles de chaîne. Bonne nouvelle: le terminus Panama est appelé à être transformé au cours des prochaines années. La construction d'un nouveau pont qui remplacera le pont Champlain jouera un rôle déterminant dans cette transformation. L'Agence métropolitaine de transport (AMT) a reçu du gouvernement québécois le mandat d'étudier quelle serait la meilleure solution (train léger sur rail, autobus électriques ou conventionnels, etc.) en matière de transports collectifs avec l'arrivée du nouveau pont. «Nous saurons alors quel impact cela aura sur le terminus Panama», explique Brigitte Léonard, porte-parole de l'AMT. Mario Verville, de la Ville de Brossard, croit lui aussi aux possibilités offertes par le terminus. «On n'a clairement pas utilisé le plein potentiel de ce terminus. J'ai hâte de voir la suite des choses», dit-il. Le terminus Panama comprend un stationnement incitatif de 940 places. Plus de 6,3 millions d'usagers des transports collectifs y transitent annuellement, ce qui en fait le terminus le plus occupé de la Rive-Sud.