Huit rencontres avec des gens d'affaires qui se dépassent et font autrement, souvent dans des sphères extérieures à leur champ d'activités principal. Simplement pour accomplir quelque chose de plus. Pour eux, pour d'autres, pour nous tous.

Une dose massive d'optimisme vitaminé.

C'est l'impression qui demeure après une rencontre avec LP Maurice.

Louis-Philippe Maurice (tout le monde l'appelle LP) est le président et cofondateur de BusBud, une entreprise montréalaise de recherche et réservation de billets d'autocar sur application mobile et internet.

Le juvénile barbu n'a que 32 ans, mais sur LinkedIn, la liste de ses réalisations, engagements et distinctions est longue comme le curriculum d'un patriarche d'affaires.

À 16 ans, il a fondé sa première entreprise de développement de sites web avec un ami du secondaire. Ils y ont mis un terme quand LP Maurice, à 24 ans, est parti faire un MBA à Harvard... après un bac en finances à HEC Montréal, des sessions en Angleterre et en Chine, et pourquoi pas, une maîtrise en droit à l'Université de Montréal!

Sur cette lancée, il a travaillé deux ans chez LinkedIn et Yahoo, dans Silicon Valley.

Ce qu'il faut retenir, toutefois, c'est qu'il n'y vit plus. Après avoir connu Boston, Londres, Paris, New York, San Francisco, il a décidé en 2010 de revenir à Montréal.

«J'étais loin de mes amis et de ma famille, explique-t-il. Puis j'avais envie de lancer quelque chose ici.»

Ce quelque chose était encore indéfini. Pendant trois mois, il a fait le tour de l'Amérique du Sud, sautant d'un autocar à un autre. Devant la difficulté de faire les réservations de billets à distance, il a eu l'idée d'une application mobile. « J'ai écrit le plan d'affaires dans l'autobus. Je suis revenu à Montréal et j'ai parlé à deux de mes amis du secondaire, dont celui avec qui j'avais parti ma première compagnie à 16 ans.»

L'entreprise est fondée en 2011.

Dans le vaste local aux murs blanchis qu'elle occupe depuis janvier, au dernier étage d'une ancienne usine de confection du Mile-End, on compte une vingtaine de postes de travail et deux canapés. Dans un coin, une table de ping-pong. À l'oeil, personne n'a de plus de 35 ans. «Il y a un an, on était trois, informe LP Maurice. On est rendus 25.» Il prévoit encore doubler ce nombre au cours de l'été.

En mai 2013, une campagne pour financer cette croissance a permis de réunir 1,2 million. Une seconde campagne a été lancée cette année. «Dans les deux cas, des investisseurs nous ont approchés avec de très belles offres, à condition de nous installer, pour l'un à New York, pour l'autre à San Francisco. Dans les deux cas, on a dit non, on reste à Montréal.»

Pourquoi cette obstination?

Pour mieux donner la réponse, il nous amène tout à côté, au petit café Brooklyn, rue St-Viateur.

 Le coeur techno

Devant le café, nous nous asseyons sur de vieilles chaises de jardin pliantes en aluminium. Rien de branché ou de design, quoique nous soyons au coeur du quartier techno.

«Il y a des centaines de start-ups situées dans ces rues-ci, indique LP Maurice. Dans la rue, on croise d'autres entrepreneurs, d'autres investisseurs. C'est vraiment un milieu qui est propice aux collisions.»

Un jeune loup? LP Maurice ne pratique ni le capitalisme carnassier ni l'entrepreneuriat de prédation.

«Je veux avoir du succès dans mon projet, mais aussi aider les autres autour de moi à avoir du succès, assure-t-il. Plus on est nombreux à avoir du succès, plus ça aide tout le monde. Ça soulève le bateau.»

Il est actif dans huit programmes de mentorats et est membre d'Anges Québec. Il a lancé Entrepreneurs anonymes, un réseau informel de gens d'affaires qui se rencontrent pour échanger sur leurs problèmes communs. Il a créé Portes Ouvertes Start-Up Montréal: 1300 participants et 50 entreprises en démarrage.

«J'ai envie de contribuer», dit-il.

Il ne s'en prive pas. «Les questions qu'on me pose le plus souvent, c'est: as-tu découvert comment te cloner? et as-tu une blonde?»

Réponses : non et oui.

Mais il le reconnaît : «Trouver le temps, c'est le plus difficile. Je suis obligé de prioriser chaque heure de ma vie.»

BusBud en chiffres

Fondée en 2011

3 employés en 2012

26 employés en mai 2014

89 pays

10463 villes

10 langues

Une autre contribution: GeoDonation

Un problème ? Hop, une solution.

Parce qu'il ne savait pas où donner ses vieux vêtements, LP Maurice a conçu une application mobile, GeoDonation, qui permet de repérer quelque 1000 boîtes et centres de dons de vêtements et objets usagés, un peu partout au Québec. «C'est un projet à but non lucratif, je fais ça pour aider la communauté.»