Seuls deux nouveaux projets miniers de mise en valeur ont démarré en 2013. C'est trois fois moins que l'an passé.

Au nord du 49e parallèle, il faut se rendre près de Radisson ou du réservoir Manicouagan pour voir de nouveaux projets miniers de mise en valeur, indique une compilation réalisée par La Presse. Cette analyse se base sur la comparaison des cartes 2012 et 2013 des projets miniers de mise en valeur publiées sur le site web du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) du Québec.

La mise en valeur est l'étape qui suit l'exploration des ressources, et qui précède la mise en exploitation. C'est durant cette phase que la société minière détermine la rentabilité du gisement, et prend ou non sa décision de lancer l'exploitation.

Mason Graphite et Ressources Augyva sont les seuls à avoir atteint cette étape depuis le début de l'année 2013. C'est beaucoup moins que durant l'année 2012, alors que sept projets miniers avaient atteint le stade de mise en valeur.

Mason Graphite a ainsi annoncé qu'elle investira 89,9 millions de dollars au lac Guéret, à 300 kilomètres au nord de Baie-Comeau, en vue d'y extraire du graphite. La mise en production est prévue pour 2015. Mason Graphite vise une moyenne annuelle de 50 000 tonnes du minerai durant 22 ans, selon les chiffres publiés par la société minière.

Le graphite est largement utilisé dans la fabrication des batteries qui alimentent les ordinateurs portables, les automobiles électriques et de nombreux appareils électroniques.

De son côté, la québécoise Ressources Augyva prévoit de commencer l'extraction de fer à partir de 2017 sur sa propriété du lac Duncan, à 40 kilomètres au sud de Radisson. L'exploitation devrait durer 20 ans, précise l'entreprise, qui espère extraire en moyenne 12 millions de tonnes de minerai de fer par an.

Vers un retour des investisseurs?

Aucun autre projet de mise en valeur n'a vu le jour en 2013 au nord du 49e parallèle. «L'industrie dans son ensemble traverse une période très difficile actuellement», explique Nochane Rousseau, leader du secteur minier pour le Québec chez PwC. «La capitalisation des compagnies minières a fortement baissé depuis deux ans.»

Or, pour avancer sur de nouveaux projets, les sociétés minières doivent justement trouver de nouvelles sources de financement. «Elles se concentrent sur moins de projets», souligne M. Rousseau. «Plusieurs d'entre elles mettent même en place des mesures de survie pour gérer leurs liquidités.»

En effet, les investisseurs ont déserté le secteur après avoir constaté trop de dérives. «Les compagnies minières avaient fait des acquisitions à des prix très élevés, et avaient enregistré des dépassements de coûts de plus de 40%», explique Nochane Rousseau. «Les investisseurs ont été déçus. De nombreux actifs ont été radiés, et des dirigeants ont été congédiés.»

À cette incertitude mondiale s'ajoute celle liée aux décisions du gouvernement québécois «depuis plusieurs années», affirme M. Rousseau, «quand le ministre Bachand avait changé le régime des redevances».

Cependant, ces mêmes investisseurs pourraient bientôt retrouver suffisamment de confiance pour revenir financer les projets miniers. «Les nouveaux dirigeants ont fait le ménage des actifs, et ils se concentrent sur les meilleurs», précise M. Rousseau. «Après le premier trimestre 2014, on en saura davantage sur les intentions des grands joueurs mondiaux.»