Les entreprises doivent investir en formation et en équipements pour pallier le manque de main-d'oeuvre, affirme l'ancien premier ministre du Québec Bernard Landry, avec qui nous nous sommes entretenus à ce sujet.

Q: Êtes-vous inquiet des difficultés que rencontre la métallurgie pour recruter?

R: La métallurgie n'est pas le seul secteur frappé par le manque de main-d'oeuvre. C'est un problème généralisé à l'ensemble de l'économie québécoise. Toutes les semaines, je rencontre des chefs d'entreprise qui se plaignent d'avoir plus de commandes que de capacités à les remplir. C'est notre plus grand défi contemporain.

Q: Qu'est-ce qui explique ce manque de main-d'oeuvre?

R: Cela est dû au vieillissement de notre population. Les baby-boomers partent à la retraite, et les jeunes ne sont pas assez nombreux pour les remplacer. Et on ne pourra pas corriger ce phénomène démographique rapidement.

Q: Quelles sont les solutions pour les entreprises?

R: Elles doivent augmenter la productivité de chaque heure travaillée par le recours à la science et à la technologie. Les gains de productivité sont la solution fondamentale. Cela implique une formation intense de la main-d'oeuvre, mais aussi des investissements en équipements pour produire davantage avec autant d'employés.

Q: Cette automatisation risque-t-elle de détruire plus d'emplois qu'elle en crée?

R: Autrefois, les syndicats se méfiaient de la robotisation, mais ils ont compris que c'est une façon de sauver des emplois et de gagner de meilleurs salaires. L'utilisation de la haute technologie crée des postes de travail mieux rémunérés. La productivité, c'est la rencontre entre le social et l'économie.

Q: Des aides publiques devraient-elles favoriser ces investissements?

R: On peut accorder des crédits d'impôt pour augmenter nos efforts en recherche et développement. On l'a fait de façon fantastique dans certains secteurs, comme les technologies de l'information avec la création de 130 000 emplois.

Q: Y a-t-il urgence d'agir?

R: C'est certain. La productivité doit devenir aussi importante pour le Québec que la religion catholique l'était dans les années 20. Je le dis avec un sourire, mais c'est l'image qu'on devrait avoir.