Quelque part dans le réservoir d'essence de votre véhicule se trouve du carburant provenant de l'Algérie, de l'Angola, de la Norvège et même du Kazakhstan. Même s'il fait partie du continent américain, le Québec doit aller au-delà des mers pour s'approvisionner. Une situation qui est toutefois appelée à changer.

Qu'on l'aime ou pas, le pétrole est au coeur des besoins énergétiques des Québécois. Selon le ministère des Ressources naturelles, l'or noir représentait 39% du bilan énergétique de la province en 2010. Un besoin alimenté à près de 75% par les voitures et camions qui parcourent nos routes.

En raison de cette demande, le Québec fait du pétrole son principal produit importé année après année. En 2012, la province achetait pour plus de 13 milliards de dollars d'or noir, soit près du double des sommes consacrées au deuxième secteur d'importation en importance, celui de la voiture. L'achat de produits dérivés du pétrole venait même au troisième rang, se chiffrant à plus de 5,8 milliards, selon l'Institut de la statistique du Québec.

Cet appétit pour les produits pétroliers ne va toutefois pas en grandissant, assure Jean-Thomas Bernard, professeur à l'Université d'Ottawa et spécialiste des questions énergétiques. «La demande d'essence dans les pays industrialisés est loin d'être en hausse», dit-il, soulignant même que la consommation américaine a régressé dernièrement de 20 millions de barils par jour à 18,5 millions.

Ainsi, les deux seules raffineries que compte désormais le Québec, celle de Suncor, située dans l'est de l'île de Montréal, et celle d'Énergie Valero, à Lévis, suffiront à approvisionner la province en produits raffinés du pétrole, selon le spécialiste.

Ces raffineries tirent aujourd'hui près des deux tiers de leur pétrole de l'Algérie et de la mer Caspienne. Mais la situation pourrait rapidement changer, selon Michel Martin, porte-parole québécois de Valero. «Notre objectif, c'est vraiment de remplacer la plus grande quantité possible du pétrole importé par du pétrole nord-américain», précise-t-il.

La tendance est claire: depuis le début du millénaire, les entreprises québécoises délaissent progressivement les États-Unis pour se tourner vers d'autres marchés internationaux. Cette semaine, nous faisons le point sur le marché du pétrole au Québec.

D'où vient le pétrole?

Pays Valeur   (millions de$US) / Proportion des importations de pétrole (%)

Algérie: 5753/ 43

Kazakhstan: 2964 /22

Angola: 1491/ 11

Norvège: 1344 /10

Mexique: 714/ 5

Azerbaïdjan: 341 /3

Nigeria: 311 /2

Royaume-Uni: 301/ 2

États-Unis: 162 /1

Source: Industrie Canada