Julie Dutil est médecin à Chibougamau. Elle fait partie d'un groupe de 19 praticiens de la clinique privée La Grande Ourse. Elle fait aussi régulièrement son tour de garde à l'urgence du Centre de santé de Chibougamau.

«Quand je reçois un patient à l'urgence, explique-t-elle, je consulte le dossier médical électronique du patient à partir de l'ordinateur fixe situé à l'urgence, ou n'importe quel autre ordinateur portable. Le dossier numérisé réside dans une base de données au bureau, et j'y accède très rapidement de l'urgence avec mon appareil. J'économise ainsi de précieuses minutes!»

Attention, il ne s'agit pas du Dossier Santé Québec (DSQ), que le gouvernement veut déployer partout au Québec d'ici deux ans au coût de 1,6 milliard. Le DSQ comporte la liste des médicaments prescrits au patient et les examens qu'il a subis.

Les dossiers patients électroniques des cliniques privées sont beaucoup plus détaillés et vont des diagnostics de maladies à de simples observations cliniques quotidiennes, du genre «5 juin, toux sèche persistante».

«Au Québec, moins de 50% des cliniques privées ont totalement informatisé leurs dossiers médicaux, estime Marie-Pierre Gagnon, professeure agrégée à la Faculté de sciences infirmières de l'Université Laval. Mais dans 80% de nos cliniques privées, la tâche est commencée.

«Aux États-Unis, les dossiers médicaux de la Clinique Mayo sont accessibles par les patients eux-mêmes, par appareils mobiles, sur présentation d'un nom et d'un mot de passe. Les statistiques montrent que les patients les plus jeunes sont ceux qui surfent leur dossier sur tablette ou téléphone intelligent.»

«En plus du nom de l'usager et de son mot de passe, on peut ajouter encore un niveau de sécurité, précise la Dre Julie Dutil. C'est un dispositif qui interagit avec l'appareil mobile qui émet automatiquement une série de numéros de sécurité. S'il reconnaît le code, l'accès s'effectue. On a donc trois niveaux de sécurité pour protéger la confidentialité de la transmission.»

Il reste encore des pas à franchir. «Je pourrais photographier le visage d'un patient avec mon portable, de la clinique à Chibougamau, et envoyer la photo à un dermatologue à Montréal pour avoir son avis. Mais pour des raisons de sécurité et de confidentialité, c'est interdit.»

«Les lois ont commencé à s'assouplir, conclut Marie-Pierre Gagnon, mais il reste encore du chemin à faire.»

PHOTO FOURNIE PAR L'UNIVERSITÉ LAVAL

La docteure Marie-Pierre Gagnon, professeure agrégée de la Faculté de sciences infirmières de l'Université Laval.