Près de six PME sur 10 ont dû renoncer à des possibilités d'affaires parce que les employés manquaient de compétences. La pénurie de travailleurs qualifiés est l'un des principaux problèmes auxquels sont confrontées nos entreprises. Cette série de six publications propose des stratégies d'affaires pour améliorer la situation par la formation.

Il serait facile pour Hugues Foltz de prêcher uniquement pour sa paroisse. Le président d'Ellicom, une PME de Québec spécialisée dans les solutions pour la formation en ligne (ou cyberapprentissage), pourrait ne vanter que ses produits. Or, il aime plutôt mettre en pratique ce qu'il invite ses clients à faire, c'est-à-dire diversifier les sources quand vient le temps de former ses troupes. Bref, même si la formation en ligne est efficace, il croit qu'on devrait multiplier les canaux de transmission.

Hugues Foltz ne badine pas avec la formation de ses81 employés et cadres. Il y consacre de 2 % à 3 % de sa masse salariale. Bien sûr, la formation en ligne fait partie de sa stratégie. Mais le parrainage, la venue de formateurs externes et la formation continue dans des centres professionnels, des cégeps, voire des universités le sont tout autant. «Nous sommes ouverts à peu près à tout pourvu que ce soit en lien avec le travail de la personne formée. Le nerf de la guerre, c'est d'avoir une bonne compréhension de ses besoins et de ses objectifs. Trop d'entreprises perdent cela de vue. Il y a tellement de possibilités dans une stratégie de formation qu'on peut facilement faire de mauvais choix», explique Hugues Foltz, 34 ans.

Bien sûr, diront certains, Ellicom a les moyens de ses ambitions. Entre 2007 et 2012, elle a connu une croissance de plus de 1000 %. Elle a même ouvert un bureau à Casablanca. Ses clients s'appellent Air Canada, Bombardier, Intact Assurances, Desjardins, la SAQ, le Collège LaSalle, etc. Bref, elle a le vent en poupe.

Mais elle pourrait très bien décider d'investir ses revenus ailleurs qu'en formation. D'ailleurs, ce n'est pas uniquement une question d'argent. «Nous avons créé un Ellipédia (inspiré de Wikipédia), un portail interne où il y a des échanges d'idées, de la transmission de connaissances, etc. C'est un outil comme on en retrouve dans les grandes entreprises, mais que nous avons développé à peu de frais», conclutM. Foltz, qui organisera en juin prochain un camp de motivation, un «Boot Camp» sur les stratégies d'apprentissage.

La formation en chiffres

746 $

Dépenses annuelles des PME (toutes tailles confondues) en formation formelle, c'est-à-dire par une source externe (formateurs invités, maisons d'enseignements, etc.).

1958 $

Dépenses annuelles des PME (toutes tailles confondues) en formation informelle, c'est-à-dire par une source interne (employé-clé, contremaître, etc.).

34 millions

Somme accordée en 2010 pour la réalisation de 589 projets de formation au Québec par le Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre.

Source: Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, 2008 et 2011.

Trois pratiques gagnantes selon Micheline Renault, de l'UQAM



1. Transformer la formation magistrale en formation pratique, que ce soit par la résolution de vrais cas et de vrais problèmes, ou en relevant les défis présentés par les clients de l'entreprise.

2. Transformer la formation ponctuelle en activité continue. Mettre en place, de façon tangible ou virtuelle, des cas d'expérimentations pratiques, accessibles en tout temps, favorisant l'apprentissage, la résolution de problèmes, l'innovation et le travail en équipe.

3. Inviter des spécialistes et des fournisseurs dont les enseignements s'intègreront et valoriseront les idées et les projets initiés par les employés.