Le ralentissement en cours sur les marchés primaire et secondaire de l'habitation ne fait pas l'affaire des promoteurs, fournisseurs, ouvriers de la construction, courtiers immobiliers, notaires et autres fournisseurs de services liés à ce secteur vital de l'économie.

En revanche, il est de nature à rétablir l'équilibre entre des vendeurs très gourmands et des acheteurs qui doivent de plus en plus s'endetter pour accéder à une propriété résidentielle.

La dette hypothécaire n'a pas cessé de gonfler depuis le début du présent cycle. Elle s'élevait à quelque 1100 milliards fin 2012, selon les comptes du bilan national publiés il y a quelques jours par Statistique Canada.

La dette des ménages empruntée sur les marchés correspond à 164,9% de leur revenu disponible. Bien qu'il s'agisse d'une faible hausse par rapport au trimestre précédent, il n'en demeure pas moins qu'un nouveau sommet est atteint chaque trimestre depuis bientôt quatre ans.

Il ne suffirait que d'une faible hausse des taux d'intérêt hypothécaires ou du taux de chômage pour que plusieurs milliers de ménages canadiens se retrouvent étranglés par leur dette, voire acculés à la faillite.

Heureusement, les taux hypothécaires devraient demeurer à leur creux historique au moins pour cette année.

On a fait grand cas, ces derniers jours, de l'intervention du ministre des Finances, Jim Flaherty, auprès de quelques institutions financières afin de les persuader de ne pas se lancer dans une guerre de taux. Si certains y ont vu une certaine forme d'ingérence dans ce qu'ils considèrent comme de la saine concurrence bénéfique pour les emprunteurs, d'autres y voient le désir d'éviter que des acheteurs puissent acquérir une propriété trop chère pour leurs moyens.

Prudence ou condescendance, chacun peut avoir son opinion. Reste que le niveau d'endettement des ménages demeure le risque interne le plus important auquel fait face l'économie canadienne.

Prudence dans les ménages

Les ménages semblent avoir compris qu'il leur faut ralentir leur train de vie. En fait foi la valeur des ventes des détaillants qui était plus faible en janvier qu'un an plus tôt.

Si la consommation, qui a servi de moteur à la croissance autant que la construction depuis trois ans et demi, ralentit, on doit forcément s'attendre à ce que la création d'emplois en fasse autant.

Plusieurs économistes prédisent d'ailleurs une certaine correction au cours des prochains mois. Comment réconcilier un rythme annuel d'embauches de 2,2%, alors que la croissance est bien en deçà des 2% et montre d'inquiétants signes d'essoufflement depuis l'été?

En décembre, la production de biens et services a même reculé. On ne croit pas que le retour à la croissance en janvier ait été suffisant pour effacer complètement le repli de fin d'année. Dans ces conditions, mises à pied et licenciements peuvent se multiplier.

Devant ce constat, la Banque du Canada a reporté sine die toute velléité de normaliser son taux directeur, fixé à 1,0% depuis septembre 2010.

Il est vrai que les taux hypothécaires à long terme sont plutôt établis en fonction des coûts d'emprunt de nos institutions financières, elles-mêmes tributaires de ceux du gouvernement du Canada.

Or, les étrangers adorent les obligations canadiennes. Ils en ont acheté pour 13,3 milliards seulement en janvier. Cette demande tire les taux vers le bas. Une obligation canadienne de 10 ans rapporte à peine 2% ces jours-ci. Les banques peuvent ainsi se financer à des coûts historiquement faibles et offrir des taux hypothécaires qui le sont autant.