Selon Robert Haccoun, professeur titulaire en psychologie industrielle à l'Université de Montréal, les entreprises d'ici ont la fâcheuse habitude d'être expéditives dans le domaine de la formation. Résultat: les employés et les cadres n'ont pas le temps de mettre en pratique ce qu'ils ont assimilé. Une grave erreur, croit l'expert du transfert des apprentissages dans les organisations.

«Dans notre culture nord-américaine, dit-il, la formation se fait en un ou deux jours. On essaie de concentrer cela au maximum. C'est rare qu'on sorte quelqu'un de son poste pendant une semaine dans le cadre d'une formation. Or, c'est faisable quand on planifie. On a plutôt tendance à saupoudrer, à en donner un peu à tout le monde, dans un court laps de temps.»

Or, qui dit formation accélérée dit forcément manque de temps pour la compréhension et surtout l'exécution des enseignements reçus. «La clé, c'est la mise en pratique. Si on apprend quelque chose et qu'on n'a pas le temps de le mettre en pratique, où est l'intérêt?» demande Robert Haccoun.

Analyse en amont

C'est pourquoi le professeur en psychologie invite les entreprises à «analyser leurs besoins en amont». «Elles ne le font pas suffisamment; elles se laissent séduire par les belles et les bonnes idées. Mais est-ce que ces idées répondent à leurs besoins? Selon une méta-analyse datant de 2009, la formation est beaucoup plus efficace lorsqu'elle est associée à l'analyse des besoins», soutient-il.

D'ailleurs, Robert Haccoun invite les entreprises à dialoguer avec les employés ou les cadres qui reçoivent de la formation. «Pourquoi la personne ferait-elle ce qu'on lui enseigne? Trouve-t-elle cela utile? Se sent-elle en confiance dans ce qu'on lui demande de faire? Vous seriez surpris des réponses», dit-il.