La croissance est une nécessité, mais elle se fait rarement sans à-coups. À chaque marche son effort. Portraits de nouveaux défis.

Le nouveau filtre à eau de Sonitec-Vortisand utilise du sable antibactérien pour réduire les risques de légionellose. Ce produit intéresse la planète entière. Le problème, c'est qu'elle ne le sait pas encore.

Sonitec-Vortisand s'attaque à la légionellose.

Son champ de bataille: le marché international.

Le fabricant de systèmes de filtration d'eau de Saint-Laurent vient de lancer en janvier son tout nouveau système de filtration au sable, dont chaque grain est enrobé d'un revêtement antibactérien.

Une première mondiale.

Ce filtre Vortisand-MCM (MCM pour média contre la croissance microbienne) est destiné aux tours de refroidissement des édifices climatisés.

Sonitec-Vortisand n'agit pas par opportunisme expéditif après l'éclosion de légionellose qui a entraîné une douzaine de morts à Québec, l'été dernier. L'entreprise y travaillait déjà depuis quatre ans.

«On avait déjà anticipé le problème parce qu'aux États-Unis, c'est relativement fréquent», affirme le copropriétaire et administrateur Maurice Piché.

Mais il demeure que son produit tombe à point, au moment où le gouvernement veut édicter des normes pour l'entretien des tours de refroidissement.

Ce sable antibactérien neutralise l'essentiel des bactéries qui n'auraient pas été retenues mécaniquement par le filtre. On réduit ainsi substantiellement les biocides - brome, chlore - à ajouter dans l'eau.

Le système apporte trois bénéfices: économie en coûts de biocides, réduction de leurs effets nuisibles sur l'équipement et diminution de leur impact environnemental.

Depuis quatre ans, un prototype est en fonction au sommet de l'immeuble Les Ailes de la mode, à Montréal. Des essais ont été menés sur une douzaine d'autres bâtiments. «Ce média a été testé et validé», assure Maurice Piché.

Une histoire de vortex

Ce sable antibactérien est utilisé dans les filtres Vortisand, eux-mêmes nettement plus efficaces que les filtres au sable traditionnel.

À l'effet habituel de filtration par percolation au travers du sable, le système Vortisand combine un effet de tourbillon qui sépare les particules par la force centrifuge. Ce système à double action peut ainsi intercepter des particules de 0,45 micromètre.

Pour la tour de refroidissement d'un édifice de 50 étages, un filtre Vortisand peut coûter de 50 000 à 70 000$. Dans le secteur industriel, la taille et les prix sont multipliés par 10.

Rien à voir avec une cartouche filtrante vissée au robinet. Pour une usine pétrochimique, l'appareil peut avoir la dimension d'un conteneur. Sur un modèle courant, cinq réservoirs de 1,5 m de diamètre et des tubulures d'admission de 30 cm sont attachés à une plateforme en profilés d'acier. Le monstre peut filtrer jusqu'à 8500 litres d'eau par minute.

Un marché mondial

Le marché potentiel du nouveau système de filtration Vortisand-MCM se chiffre en centaines de milliers d'édifices. «Nous visons le marché mondial, parce que la légionellose est un problème mondial, affirme Maurice Piché. On envisage une croissance importante au cours des trois ou quatre prochaines années, parce qu'on touche à peine la pointe de l'iceberg.»

Ce défrisant potentiel ne les intimide pas. La main-d'oeuvre ne représente que de 5 à 10% du coût de fabrication du filtre Vortisand. L'essentiel de la tâche consiste à assembler les composants fabriqués en sous-traitance. «On peut multiplier notre chiffre d'affaires par cinq, six ou sept tout en gardant nos installations», assure-t-il.

Il reste le petit détail de la communication et du marketing à l'échelle planétaire. «C'est sûr qu'on a du travail à faire en matière de marketing et de promotion, pour faire connaître cette technologie auprès de la communauté des ingénieurs-conseils, puisque ce sont eux souvent qui vont donner leur avis aux propriétaires d'immeuble», reconnaît M. Piché.

«On travaille énormément sur l'internet avec les sites spécialisés, décrit-il. On essaie de se positionner tant sur le plan rédactionnel que publicitaire, dans les endroits où les ingénieurs sont susceptibles d'aller chercher de l'information.»

Défi supplémentaire, l'entreprise devra promouvoir en même temps l'utilisation d'un système de filtration d'eau. «Le plus grand concurrent qu'on a, c'est l'inertie des propriétaires d'immeuble, constate M. Piché. À vue de nez, je dirais que 80% des immeubles qui ont des tours d'eau n'ont aucune forme de filtration.»

LE REGARD D'UN SPÉCIALISTE

Visitez notre blogue Café PME pour lire les observations d'un expert à propos de la situation de Sonitec-Vortisand.

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