À Chibougamau, c'est avec soulagement qu'on a accueilli, le 16 novembre, l'annonce d'un accord entre le gouvernement du Québec et Diamants Stornoway concernant la construction de la route 167. La ville est en plein essor, tant du côté industriel que résidentiel. La suspension des travaux de la route aurait été catastrophique.

«C'est en effet une belle nouvelle, se réjouit la mairesse de Chibougamau, Manon Cyr. Pas de route, pas de développement. Nous allons disposer sur une distance de 142 kilomètres, vers le nord, d'une vraie route à double voie avec toutes les normes du ministère des Transports. C'est excellent pour le secteur minier intéressé à toutes les richesses des monts Otish. Mais nous pensons à d'autres aspects aussi.»

Il y a l'appétit de certains visiteurs pour les grands espaces nordiques du Québec. Un petit saut en avion vers Chibougamau, puis en voiture, et on accède au nouveau parc national québécois Albanel-Témiscamie-Otish.

«Nous avons là un attrait touristique d'un genre à peu près inédit, estime Mme Cyr. Nous offrons la nature nordique, somptueuse, et une porte ouverte sur la vie autochtone.»

Dans un genre nordique plus classique, la mairesse suit de très près le développement de la minière BlackRock, mine de fer située à 65 kilomètres au sud-est de sa municipalité. «Ils en sont à déposer les études de faisabilité, dit-elle. Ça va bon train. Ils ne sont qu'à une heure d'avion de chez nous. Leurs employés pourraient vivre ici.»

Projets en gestation

Du monde, Chibougamau en attend. La ville se prépare depuis 2009 à recevoir de nouveaux citoyens. «Au début de l'an prochain, nous serons prêts à livrer les infrastructures, rues, lampadaires, conduites d'eau et égouts correspondant à 48 terrains d'habitation dans le secteur ouest, estime la mairesse. Dans ce secteur, c'est au total 150 terrains que nous offrirons pour établir de nouveaux domiciles.

«Puis, sur les 35 terrains à préparer dans le secteur du golf, nous en avons déjà cédé 20. Et nous préparons 30 autres terrains dans le secteur au nord du chemin Merrill pour des blocs d'appartements.»

Du côté industriel, Chibougamau s'attend à recevoir la nébuleuse d'entreprises accompagnant généralement le développement minier. On pense à une usine de transformation de minerai et aussi aux sociétés de transport, de location d'équipements lourds, etc. On est actuellement à l'étape des études sur huit terrains destinés au secteur industriel lourd.

Quant au volet forestier, Mme Cyr rappelle la promesse faite par la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, de favoriser les nouvelles techniques du bois en construction. «Nous-mêmes, ici, nous donnons l'exemple, dit-elle. Les structures de notre usine de traitement des eaux et du centre de ski sont en bois.»

Bois d'oeuvre

C'est une promesse extrêmement importante pour l'avenir de Chibougamau. Chantiers Chibougamau est actuellement le plus important employeur en ville. «Ce n'est pas compliqué, le quart de la population travaille dans notre usine, estime Frédéric Verreault, président de l'entreprise. C'est 600 personnes à temps plein.»

Pour lui, le prolongement de la route 167 vers les monts Otish pourrait être une occasion d'affaires en raison du nombre de ponts de bois à construire. «Mais au-delà de cela, j'y vois surtout un outil extraordinaire de développement pour toute la région», dit-il.

La mairesse croit qu'un encouragement tangible de la part du gouvernement vers l'industrie du bois d'oeuvre se traduirait par des retombées immédiates. «À l'heure actuelle, Chantiers Chibougamau représente des retombées économiques directes de 50 millions de dollars annuellement chez nous, dit-elle. La moitié provient des salaires versés et l'autre en achats locaux de biens et services.»

Ce coup de pouce de Québec viendrait à point nommé pour M. Verreault. «Nous avons vu une belle augmentation de la demande pour certains types de produits l'an dernier. Le lamellé-collé, par exemple. Mais cette année, on plafonne.»

L'entrepreneur se dit prêt à faire face à la musique si la demande reprenait en force. «Je dispose d'un bon noyau de travailleurs fidèles et efficaces, indique-t-il. La seule chose que j'appréhende, c'est le moment où on sera au coeur du boom minier. Pourrais-je concurrencer les salaires versés par les minières?»