Des experts le disent, des études le confirment: la répartition de l'actif est la clé du succès en gestion de portefeuille. Que vous soyez un investisseur autonome ne change rien à la chose.

Combien devez-vous consacrer aux actions? Quelle proportion de vos investissements doit être dirigée vers des actifs plus sûrs, tels les titres à revenu fixe? Et ultimement, quel coussin de sécurité devez-vous conserver en encaisse?

C'est pourquoi la plupart des sites internet de courtage en ligne offrent parmi leur vaste gamme d'outils un engin de répartition d'actif. Mais si ces outils vous permettent d'établir votre profil d'investisseur et de déterminer votre tolérance au risque, la répartition d'actifs nécessite aussi une bonne connaissance des conditions économiques ambiantes.

Alors que nous sommes au dernier trimestre de l'année 2012, Stéfane Marion, économiste en chef et stratège à la Financière Banque Nationale, croit qu'il est préférable d'adopter une attitude prudente dans la répartition des actifs, c'est-à-dire de ne pas trop surpondérer les actions.

«Les interventions récentes des banques centrales ont été bien accueillies par les marchés financiers, mais nous demeurons sceptiques quant aux perspectives de profits», dit-il.

C'est que les grandes sociétés ont vu leurs bénéfices croître cette année grâce à des programmes de rationalisation des dépenses plutôt que par une augmentation des ventes. Maintenant que ces coupes sont terminées, les firmes auront de la difficulté à maintenir leurs marges bénéficiaires. Ainsi, le clignotant est jaune en ce qui concerne les bénéfices à venir, croit M. Marion.

Réconforté par les banques centrales

Au cours des dernières années, les investisseurs ont profité d'un environnement fort différent, alors les banques centrales ont été omniprésentes pour calibrer les liquidités du système financier et permettre aux banques de ne pas être étouffées par trop de titres de créance douteuse.

«Malgré la faiblesse économique mondiale, les mesures prises par la Banque centrale européenne (BCE) et par la Réserve fédérale américaine (Fed) ont inspiré la confiance envers les marchés financiers et ont donné aux investisseurs des raisons d'augmenter leur profil de risque», dit Stéfane Marion.

La Fed a lancé en septembre un troisième programme de détente quantitative. Cela lui permet d'acheter pour 40 milliards US par mois de titres adossés à des créances hypothécaires. Mais ce qui réconforte vraiment les investisseurs, c'est qu'elle a indiqué clairement qu'elle continuera de le faire aussi longtemps que le marché du travail ne se sera pas amélioré nettement. Il s'agit donc d'un programme d'assouplissement illimité.

En même temps, la BCE a lancé un nouveau programme d'opérations monétaires sur titres. «Elle peut ainsi acheter des quantités illimitées de titres de créance des États de la zone euro», explique M. Marion.

Ces décisions visent bien sûr à stimuler les économies, autant américaine qu'européenne. Mais aussi, pour la BCE, à permettre aux pays de la zone euro en difficulté de refaire leur santé financière. «Ensemble, ces décisions ont déclenché un mouvement d'achat en Bourse pour profiter de la reflation», dit le stratège de la Financière. Elles ont également eu un effet positif sur les prix des matières premières, ce qui a permis une amélioration des actions du secteur des ressources naturelles.

L'or a été un autre bénéficiaire de l'approche réconfortante des banques centrales. «Perçu comme une réserve de valeur et un actif sans risque de crédit, le lingot d'or continuera de drainer des investissements alors que les banques centrales du monde augmentent leur base monétaire», dit M. Marion. Et comme les taux d'intérêt sont très bas, il n'en coûte presque rien aux investisseurs pour détenir des lingots d'or, ce qui ajoute à leur attrait.

De plus, les politiques monétaires très expansionnistes appliquées actuellement par les banques centrales entraîneront tôt ou tard une hausse des attentes inflationnistes qui pourrait profiter au prix du métal jaune.