Présenter son entreprise en l'espace de trois minutes est un art, et de jeunes entrepreneurs ont pu le vérifier le 23 octobre dernier à Québec. Dans un auditorium bondé, les représentants de quatre entreprises en démarrage se sont frottés aux commentaires de panélistes parmi les plus expérimentés du continent.

L'événement baptisé «non-conférence» en était à sa première présentation. Organisé dans le cadre de la Conférence de Québec (QCC), il se voulait être une occasion pour une poignée d'entrepreneurs de Québec d'apprendre à la fois de leurs semblables, mais aussi d'investisseurs reconnus.

Jean-Sébastien Cournoyer, coorganisateur de l'événement et cofondateur de la firme en capital-risque Real Ventures, voyait dans la QCC une opportunité de faire d'une pierre deux coups.

«On fait souvent venir des panélistes qui sont pour la plupart des investisseurs dans le secteur des technologies, explique-t-il. On s'est dit que ce serait intéressant de faire un événement la veille pour que les entrepreneurs de Québec profitent de la présence de ces invités-là.»

Et il n'a pas été déçu, tout comme Christian Painchaud qui a eu droit à deux salves d'applaudissements à la suite de sa présentation, ou «pitch», le terme qui désigne, dans le milieu, l'art d'exposer le concept de son entreprise en quelques minutes.

«C'était super de se présenter devant autant de gens, et encore plus devant Garry Tan et Dave McClure, qui sont des investisseurs connus et qui ont beaucoup d'expérience dans ce milieu-là», raconte le jeune entrepreneur montréalais.

Son entreprise, MyCustomizer, propose aux grands équipementiers sportifs une plateforme web qui permet aux clients de personnaliser les pièces qu'ils commandent.

L'entreprise est soutenue par l'accélérateur de petites sociétés technologiques Founderfuel, et aura encore plusieurs fois à tâter le pouls des investisseurs dans le futur, d'où l'utilité de pouvoir s'entraîner. «Les startups ont toujours besoin d'un investissement d'amorçage, et c'est pour ça qu'on inssite beaucoup sur la présentation aux investisseurs», explique Christian Painchaud.

Adrénaline

Pour Francis Bédard, un jeune entrepreneur de Québec, cette première expérience aura été tout aussi enrichissante. «C'était une super belle shot d'adrénaline», raconte-t-il. Avec son entreprise, Gofellow, il cherche à développer un site de «livraison sociale» qui transformerait une partie des usagers de la route en colporteurs de biens achetés sur l'internet.

«Notre objectif, c'était de valider notre concept et l'intérêt à la fois des investisseurs qui étaient là, mais aussi de la foule, explique-t-il. De manière générale, la réaction des investisseurs a été positive. Je pense qu'on est sur la bonne voie pour trouver des partenaires financiers.»

Selon Jean-Sébastien Cournoyer, les jeunes entrepreneurs présents ont eu une chance incroyable. «Pouvoir pitcher à des gens comme nos panélistes qui voient les meilleurs projets de partout dans le monde, ça vaut de l'or», dit-il.

Un événement historique

Les entrepreneurs qui assistaient à la table ronde, puis aux présentations qui ont suivi, profiteront eux aussi de l'événement selon Jacques Bernier, associé principal de Teralys, le fonds de fonds québécois qui investit dans les sociétés de capital-risque intéressées par les sociétés technologiques.

«Ça leur a permis d'avoir la réaction d'investisseurs réels et non pas théoriques, et ça, c'est ça qui a le plus de valeur», explique-t-il.

Selon lui, l'événement du 23 octobre passera à l'histoire. «Lorsque je suis revenu à ma chambre d'hôtel, je me suis dit: «Wow, il y avait vraiment un buzz». Pour moi, ça va être un milestone qui va changer la dynamique à Québec.»

C'est justement afin de contribuer à créer un écosystème de sociétés technologiques que Jean-Sébastien Cournoyer a tenu à coorganiser l'événement. Selon lui, les occasions de réseautage dans le milieu sont précieuses.

«Ça permet de se dire: «Heille, je ne suis pas tout seul», dit-il. C'est comme ça qu'on bâtit une communauté.»