En Afrique, dans les villages où les femmes marchent derrière leur mari, dans un régime politique où elles n'ont pas souvent le droit de parole, la coopérative devient un lieu d'apprentissage de la démocratie et de l'exercice d'un certain pouvoir économique et parfois même politique.

L'Union des groupements de productrices des produits du karité (UGPPK) qui compte plus de 3000 membres dans les villages autour de Léo, dans le sud du Burkina Faso, près des frontières du Ghana. Cette coopérative de produits équitables a redonné vie à des familles et à des communautés entières.

Chargée de la commercialisation à l'UGPPK, Zibaladi parle avec verve du travail des femmes des regroupements. Membre fondatrice de l'UGPPK en 1998 avec les femmes de 18 regroupements, elle a poursuivi le travail de sensibilisation jusqu'à l'obtention des lettres patentes en 2001 et l'obtention de la certification équitable et biologique vers 2007.

Tout de go, elle affirme que les conditions de vie des femmes ont été changées par la création de l'UGPPK. «Ce n'est pas juste une question de prix, mais c'est la stabilité des revenus.»

Plus encore, ce fut l'apprentissage que la voix de chacun comptait dans l'organisation. Les femmes ont pu s'exprimer et elles ont été écoutées.

Cause des femmes

Lors de notre passage, Zibaladi racontait les bienfaits de la contribution à la coopérative à la cause commune des femmes. «Nous avons appris des méthodes de travail plus efficaces par la formation et l'éducation. Et nous savons maintenant comment faire pour respecter les standards pour le beurre biologique certifié équitable.»

Elle exprime avec beaucoup d'émotion cette valeur fondamentale de la solidarité à l'opposée des méthodes et techniques axées uniquement sur le profit. Certes, les femmes sont mieux payées, mais une partie des revenus de la coopérative est consacrée à leur cause, à la prise en charge des regroupements et des communes.

C'est là le grand changement. L'indicateur de fierté de l'UGPPK ne se mesure pas par les profits ou les montants dans le compte de banque, affirme pour sa part Abou Dradin Tagnan, gestionnaire de  l'UGPPK.

Il se mesure par les montants redistribués aux membres et dans la communauté. Cette prime sociale fait partie des standards exigés pour qu'une coopérative soit reconnue comme producteur d'un produit équitable. «Ici, notre but demeure toujours l'amélioration des conditions de vie des femmes.»

La prime sociale a servi à la création d'une savonnerie et d'une garderie, à aider l'orphelinat du village du Bura. Sans compter la formation des animatrices dans les villages et les cours d'alphabétisation qui servent en même temps à la formation sociale et à la prévention en santé dans la région de Bieha.

Impact de la coop

Celle qui résume le mieux l'impact de la coopérative dans une vie, c'est Abibata Ido. «Le karité, c'est le mari des veuves et le père des orphelins », exprime celle qui a perdu son mari en 2003 et dont la vie a été transformée par le karité et sa participation dans l'UGPPK.

Abibata vendait des beignets au marché, mais ce n'était pas très payant. Aujourd'hui, en plus d'avoir des économies à la banque, elle peut payer la scolarité de ses cinq enfants et de ses deux petits-enfants.

«Avec l'UGPPK, les revenus sont meilleurs, lance-t-elle tout sourire. J'ai pu payer un vélo à mon fils, une machine à coudre à ma fille, ajouter une pièce à la maison pour ma fille et mon petit-fils. Je peux payer les ordonnances et les visites chez le médecin, acheter des habits. C'est merveilleux!»

Et toute cette histoire a commencé par l'engagement du CECI de Montréal, en 1997, avec l'aide à l'organisation des regroupements des femmes dans de meilleures structures et diverses formations.