Les coopératives ont été frappées par la crise de crédit et par le ralentissement économique mondial qui a suivi. Mais la plupart d'entre elles ont moins souffert que leurs contreparties capitalistes pures et dures, estiment des spécialistes.

«Les coops financières et les autres ont un défaut qui les rend relativement imperméables aux crises, juge Nicolas Marcoux, associé chez PwC. Elles sont financièrement ennuyantes!»

M. Marcoux entend par là que les coops veulent des rendements pépères mais stables. «Elles sont conservatrices parce qu'elles sont là pour durer. Dans leur échelle de valeurs, la pérennité passe avant l'augmentation de la marge bénéficiaire.»

Ce que confirme Jean-Louis Bancel, président de l'International Cooperative Banking Association. Dans le rapport Global 300 de l'International Cooperative Alliance (ICA), il note que les coops ont une vue à long terme et ne dépendent pas des marchés financiers pour se capitaliser.

Résilience du modèle

Chez nous, le Mouvement Desjardins a essuyé la tempête sans trop tanguer. Ses actifs totaux sont même passés de 157 milliards en 2009 à 190 milliards deux ans plus tard. De plus, l'exercice 2011 s'est terminé avec un excédent record de 1,6 milliard de dollars.

Cela, sans aide du gouvernement et sans cesser de prêter aux consommateurs et aux PME, rappelle Suzanne Gendron, vice-présidente, soutien à la présidence, du Mouvement Desjardins.

«C'est le modèle coopératif qui a épargné le pire aux coopératives financières, ajoute-t-elle. Elles n'offrent pas de primes au rendement à leurs cadres, du moins pas sur le rendement à court terme. Et elles ne sont pas à la merci des hoquets de la Bourse.»

Certains affirment même que la crise a favorisé les coops financières et les sociétés d'assurance coopératives. C'est ce que dit l'étude «Résilience du modèle d'affaires en temps de crise», de l'Organisation internationale du Travail.

Ce texte soutient que la part du marché européen des banques coopératives était en augmentation à la fin des années 2000. Il représentait 20% du marché bancaire européen en 2009.

Aux Pays-Bas, par exemple, c'est la moitié des Néerlandais qui ont un compte chez Rabobank, la grande coopérative financière.

Difficultés

Cela dit, des géants coopératifs de la finance ont quand même été frappé, surtout dans la zone euro.

Le Crédit Mutuel, grande banque française, a vu son bénéfice net fondre de 84% en 2008.

En 2007, le groupe avait mis 300 millions d'euros de côté pour couvrir des papiers commerciaux toxiques. L'année suivante c'est 1,4 milliards qui furent contaminés! L'agence de cotation Fitch l'a dégradé de AA à A+ en 2009.

Autre grand groupe financier coopératif français, le Crédit Agricole a dû aussi se résoudre à prendre des mesures de crise.

En décembre 2011, il annonçait son plan de restructuration: suppression de postes et cessation de son implantation dans 21 pays.

Par ailleurs, certaines familles de coops ont gravement souffert de la crise et de ses répercussions. C'est le cas des coops agricoles.

Won-Byung Choi est président de l'International Cooperative Agricultural Organization. Son analyse de la situation, publiée dans le Global 300, ne fait pas dans la dentelle.

«Le secteur coopératif agricole est durement frappé. D'abord, beaucoup de consommateurs ont carrément abaissé leurs dépenses alimentaires. Ensuite, le prix des grains fait l'objet de spéculations à court terme et subit une augmentation en flèche. Ensuite les capitaux frais se font extrêmement rares.»

Depuis la crise, les coopératives de consommateurs sont en train de revoir leur approche, du moins en Europe.

Rodrigo Gouveai, Secrétaire Général d'EURO COOP, énonce la nouvelle stratégie dans Global 300: «Pour traverser la crise, les coops de consommateurs doivent fusionner ou acquérir des marques privées.»

Les coops alimentaires sont particulièrement touchées par les malheurs qui frappent le monde agricole. Pour augmenter leur pouvoir d'achat et maintenir les prix au plus bas, la fusion est donc la stratégie naturelle.

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