On voulait inciter les Québécois à les adopter, mais on a peut-être sous-estimé l'engouement qu'elles suscitaient déjà. Qu'elles soient hybrides ou électriques, les voitures vertes ont la cote au Québec. À un point tel que les achats dépassent déjà de 50% les prévisions du gouvernement pour l'année en cours.

De janvier à août 2012, Québec a consenti près de 6 millions en rabais pour soutenir l'achat de voitures électriques ou hybrides, en plus de la mise en place de bornes de recharge. Or, on avait prévu consacrer 4 millions à ce programme pour l'année entière.

«C'est bien au-delà de nos prévisions», reconnaît Alain Daneau, directeur général du Bureau de l'efficacité et de l'innovation énergétiques (BEIE), l'organisme qui chapeaute le programme «Roulez électrique». Selon lui, la popularité du véhicule électrique auprès du consommateur québécois a été sous-estimée. «On s'attendait à ce que la demande vienne plutôt des entreprises», ajoute-t-il.

Au cours des 8 premiers mois de l'année, 450 voitures électriques ont trouvé preneur dans la province. Pour l'achat de chaque unité, Québec accorde jusqu'à 8000$ en rabais. Un incitatif financier qui contribue à faire de la province la porte d'entrée principale des voitures électriques au pays.

En effet, les fabricants interrogés sont unanimes: le Québec occupe le premier rang des provinces canadiennes en matière de ventes de voitures électriques. Jusqu'ici, Mitsubishi y compte 60% de ses ventes canadiennes de i-MiEV. Chez GM et Nissan, ce chiffre s'élève respectivement à 50% et 36% pour la Volt et la Leaf.

Selon Didier Marsaud, responsable des relations publiques chez Nissan, le rabais à l'achat consenti par le gouvernement n'est qu'un des facteurs qui contribue à stimuler les ventes de voitures électriques au Québec. «L'engagement du gouvernement à développer un réseau public de bornes de recharge y est aussi pour quelque chose», ajoute-t-il.

Baptisé «Circuit électrique», ce réseau chapeauté par Hydro-Québec comptera d'ici la fin de l'année 120 bornes accessibles dans le stationnement de commerces participants. En facilitant ainsi l'utilisation du véhicule électrique sur les routes du Québec, le gouvernement québécois espère que 300 000 voitures électriques rouleront ici en 2020.

Un pôle de la voiture électrique

En plus de contribuer à réduire la dépendance du Québec aux énergies fossiles et à diminuer les émissions de gaz à effet de serre de la province, l'adoption progressive du véhicule électrique devrait contribuer à stimuler l'économie locale.

Dans son plan d'action 2011-2020 pour les transports électriques, le gouvernement a en effet prévu l'injection de 55 millions au cours des 10 prochaines années pour créer un pôle technologique en matière de transports électriques.

Hydro-Québec, chercheurs universitaires et entreprises locales et étrangères auront ainsi à collaborer pour acquérir une expertise locale, capable de générer emplois et retombées économiques pour la province.

Une approche que salue Denis Leclerc, président et chef de la direction d'Écotech Québec. «Il faudra toutefois développer notre expertise dans des niches où on peut se distinguer, en misant par exemple sur le développement de technologies propres aux pays nordiques», dit-il.