Quand le mercure se prépare à descendre sous la barre des -20oC, il est souhaitable que Gaz Métro ait une réserve pour faire face à la situation. En période de pointe, les commerces, les usines et les domiciles qui chauffent au gaz naturel comptent sur ces réserves. Qu'on se rassure, Gaz Métro, comme les écureuils, possède des cachettes pour entreposer ses stocks de gaz.

Deux de ces cachettes sont logées sous terre: il s'agit des deux anciennes nappes de gaz naturel de Pointe-du-Lac et de Saint-Flavien, au Québec, aujourd'hui épuisées. Quoi de mieux comme réservoir de gaz qu'un endroit qui en a contenu naguère? «Un lieu qui a contenu sans fissure le gaz pendant des millions d'années est le plus sécuritaire qu'on puisse imaginer», affirme Rock Marois, président d'Intragaz, société propriétaire des deux réservoirs naturels.

Sous Pointe-du-Lac et Saint-Flavien, il y a donc deux immenses cavernes, des bombonnes gigantesques où on stocke le gaz? «Pas vraiment, explique M. Marois. Dans les deux cas, la roche souterraine est quelque peu poreuse, et c'est dans les minuscules interstices entre les cristaux rocheux que l'on entrepose le gaz.»

Dans ces interstices, on peut glisser jusqu'à 120 millions de mètres cubes à Saint-Flavien et 23 millions à Pointe-du-Lac. Pour plus d'efficacité, on a ajouté des puits à ceux qui ont servi à exploiter le gaz - on en a foré jusqu'à 13 à Pointe-du-Lac.

Les deux endroits présentent des caractéristiques géologiques complémentaires, qui leur font jouer des rôles un peu différents. Dans les jours qui précèdent la pointe de demande, on injecte petit à petit du gaz supplémentaire dans le réseau. «Dans ces cas, on puise à Saint-Flavien, explique Rock Marois. La roche est peu poreuse et la sortie est lente. Mais la capacité est énorme. Si on a un pic soudain de demande, on puise à Pointe-du-Lac, où le gaz est entreposé dans une couche de sable souterrain. C'est extrêmement poreux et la sortie est très rapide. On peut répondre immédiatement à la demande, mais la capacité totale est moindre qu'à Saint-Flavien.»

Depuis 20 ans, les deux propriétaires d'Intragaz, soit Gaz Métro et GDF Suez, ont investi 144 millions de dollars pour rendre ces deux réservoirs efficaces et sécuritaires. L'entreprise emploie 24 personnes - du personnel d'entretien et administratif.