Retenez cette date: 12-12-2012. Rien à voir avec la malédiction du calendrier maya. C'est un jour béni, celui de l'ouverture du dernier tronçon de l'autoroute 30. Le chiffre chanceux de Salaberry-de-Valleyfield.

Le Marché Daoust, à Salaberry-de-Valleyfield, fait des livraisons jusqu'au Nunavik.

«C'est comme si vous faisiez une commande téléphonique de chez vous, mais moi je l'envoie à Kuujjuaq et dans les environs», explique Stéphane Leguerrier, gérant du magasin de la bannière Metro. «J'ai six employés et un boucher à temps plein pour ces commandes de monsieur et madame Tout-le-monde.»

Chaque semaine, quatre cargaisons s'envolent de Dorval et deux autres d'Ottawa.

En été, les denrées non périssables sont mises en palettes et expédiées par le port de Valleyfield.

Ça, c'est du service.

C'est aussi une illustration de l'étonnant rayonnement des Campivallensiens... et de leur résilience.

Au milieu des années 2000, la région avait connu une série de coups durs, au premier rang desquels la perte de 1000 emplois chez Goodyear. Puis elle s'est retroussé les manches, rassemblant dans divers comités de relance toutes les ressources de la région.

Résultat, la Fédération canadienne des entreprises indépendantes a classé Salaberry-de-Valleyfield au 15e rang canadien - et 4e au Québec - des villes les plus dynamiques en matière d'entrepreneuriat en 2011.

L'année dernière, le CLD Beauharnois-Salaberry a financé 40 nouvelles entreprises, quatre fois plus qu'en 2008, rappelle sa directrice générale Joane Brunet.

Car Salaberry-de-Valleyfield n'a pas attendu le Plan Nord pour voir loin. «C'était une réalité avec laquelle on travaillait déjà», observe-t-elle. «Certaines entreprises métallurgiques montrent de l'intérêt à vérifier si le modèle d'une transformation dans Beauharnois-Salaberry tient la route.» En mai dernier, déjà, Nemaska Lithium a révélé que Valleyfield était une des trois villes québécoises qu'elle considérait pour l'installation de son usine d'hydroxyde de lithium.

Histoire d'eau

Le nom Salaberry-de-Valleyfield évoque champs et vallées, mais c'est l'eau qui l'a avant tout définie. Le canal de Beauharnois a transformé ce coin de terre en île, la mettant à l'écart des grands corridors routiers. Valleyfield, contrairement à ses voisines des MRC de Roussillon et de Vaudreuil-Soulanges, n'a pas profité du débordement vers les banlieues périphériques de Montréal.

Mais cette fois, c'est la route - l'autoroute 30, plus précisément - qui porte les meilleurs espoirs de la ville. Le 12-12-2012, selon le mot de Joane Brunet, sera «la journée heureuse», celle de l'ouverture du dernier tronçon entre Châteauguay et Vaudreuil-Dorion.

«Le fait de désenclaver le territoire aura et a déjà des effets positifs», insiste-t-elle.

Dans son virage vers le Nord, l'A-30 vient en effet s'appuyer sur l'extrémité nord-est du territoire de Salaberry-de-Valleyfield.

La municipalité a déjà préparé le terrain, celui du nouveau parc éco-industriel de Salaberry-de-Valleyfield, à la jonction de la 30 et de la route 530 qui mène au centre-ville. Comme un symbole et un présage, son premier occupant sera l'exploitant de l'autoroute 30, qui y déménagera ses installations.

Régis Martel, économiste principal pour la Montérégie chez Emploi-Québec, jette cependant un peu d'eau froide sur ces braises. Il souligne la stagnation démographique de la MRC Salaberry-Beauharnois. Sa population n'a crû que de 1,9% entre 2006 et 2011, alors que l'augmentation s'est établie à 6,2% dans la Montérégie. «La force de travail, à l'âge où on est le plus actif, c'est-à-dire 30 à 44 ans, est en recul de 8,1%», ajoute-t-il.

Qu'à cela ne tienne, les Campivallensiens sont rayonnants d'optimisme. «On se pince, ça va bien!», s'exclame le maire Denis Lapointe. Car l'autoroute 30 sera l'artère par laquelle affluera le sang neuf.

Le maire veut attirer de jeunes ménages avec de nouveaux domiciles à prix abordables - il cite une fourchette de 150 000$ à 200 000$ - notamment à Grande-Île, une des deux anciennes municipalités fusionnées avec Valleyfield en 2002. «Cette année, on va probablement avoir la meilleure année en terme de construction d'unités d'habitation, soutient-il. On était habitué à 50 maisons par année. On va dépasser les 200 à 250 unités en 2012.»

Et il voit plus loin - 15 ans en avant. Fin mai, il a présenté le nouveau plan d'aménagement de sa cité.

La rue Victoria, l'artère vitale de la ville, sera revampée. Les berges de l'ancien canal seront mises en valeur. À son extrémité, un carrefour giratoire marquera l'entrée de la ville, en provenance de l'autoroute 30. «Ici, l'optimisme, ça fonctionne, lance le maire. Il n'y a personne qui marche la tête basse.»

Salaberry-de-Valleyfield

Population en 2011: 40 077

Le Québec : 7 903 001

Variation entre 2006 et 2009: 1,0%

Le Québec : 4,7%

Âge médian: 47,1 ans

Le Québec : 41,9 ans

65 ans et plus: 21,0%

Le Québec : 15,9%

Source : Statitisque Canada