Plusieurs entreprises européennes font leurs premiers pas dans la technopole agroalimentaire maskoutaine pour mieux se lancer à la conquête du marché nord-américain.

En moins de trois ans, l'entreprise espagnole Cascajares a fait de sa filiale québécoise un moteur de sa croissance internationale. Pour sa croissance américaine, ce spécialiste des plats cuits sous vide a choisi de s'implanter au Québec, «parce que nous sommes plus avancés au niveau gastronomique», souligne Janick Martin, directrice générale d'Industrie Gastronomique Cascajares, la filiale québécoise de la firme européenne. En Europe, ces plats préparés sont déjà très populaires, notamment en France et en Espagne.

L'usine maskoutaine a bénéficié d'un investissement de 3 millions, dont les deux tiers proviennent de Saint-Hyacinthe Technopole, précise Mme Martin. Deux ans et demi plus tard, l'entreprise de 17 salariés approvisionne plus d'une centaine de restaurants québécois sous sa marque Chef Brigade. «Cascajares se prononce mal en français», dit-elle.

Le siège espagnol vient d'ajouter un deuxième million à son investissement initial. La filiale québécoise pourra ainsi partir à l'assaut du marché de détail. Les magasins Metro distribueront les plats cuisinés sous la marque Le Chef et Moi dès la première semaine d'août. Cascajares mise beaucoup sur cette nouvelle offre. «Les gens sont curieux, ils veulent bien manger. Les consommateurs sont rendus là. Ils vont prendre l'habitude d'utiliser ces produits dans leur quotidien», croit Mme Martin.

Cascajares a l'ambition d'étendre ses ventes au Canada anglais, aux États-Unis et au Mexique. L'objectif est d'atteindre un chiffre d'affaires de 3 millions en 2013. La filiale québécoise devrait alors compter plus d'une vingtaine d'employés. Ils sont 35 à travailler au siège social en Espagne.

Brasserie Licorne prépare son débarquement au Sud

Il n'aura fallu que six mois à Brasserie Licorne Québec pour construire une brasserie moderne à Saint-Hyacinthe, «parce qu'il y avait un permis de brasseur à cet endroit», précise Michel Godin, vice-président de Brasserie Licorne.

Cette filiale du groupe allemand Karlsberg a bénéficié d'un investissement de 5 millions pour produire localement ses bières et ses alcomalts sous la marque Boris. Et 5 autres millions s'apprêtent à être investis dans de nouveaux projets. «Nous avons préféré fabriquer les produits à Saint-Hyacinthe plutôt que de les importer. Les ventes augmentaient et les coûts de transport étaient devenus importants», explique Michel Godin.

Le brasseur se définit comme un concepteur de liquides ou «liquid designer». «La plupart des brasseurs demeurent des brasseurs. Nous, on veut fabriquer aussi du cidre, éventuellement des spiritueux, toucher toutes les formes d'alcool pour viser notre clientèle cible: les 18-24 ans», ajoute M.Godin.

D'ici septembre, Brasserie Licorne aura doublé la superficie de ses installations maskoutaines. Le brasseur a déjà prévu d'ajouter un tunnel de pasteurisation des produits. «C'est la sécurité alimentaire la plus complète», affirme Michel Godin.

Une chaîne de production de canettes sera également mise en place. «Nous vendons à présent autant de canettes que de bouteilles», souligne Michel Godin. Des palettiseurs et des dépalettiseurs automatiques seront déployés. «Ce sont souvent des goulots d'étranglement quand l'automatisation n'est pas achevée.»

Forte de ces investissements, la brasserie compte pénétrer le marché des États-Unis à partir d'avril 2013. Brasserie Licorne espère y écouler 5000 hectolitres dès sa première année. Au même moment, près de 50 000 hectolitres devraient être vendus sous la marque Boris rien qu'au Québec.