Des logos, des symboles, des organismes. Des orthodoxes, des protestants, des fondamentalistes, tous de confession plus ou moins équitable.

À quel saint se vouer?

Essayons d'éclairer le tableau.

Fairtrade Canada (anciennement TransFair), associé à son siège social Fairtrade International, est le principal organisme certificateur pour le commerce équitable au Canada.

«C'est notre organisme de référence», indique Annick Girard, d'Équiterre. Équiterre est pour sa part un organisme de sensibilisation à la consommation responsable, dont le commerce équitable est l'un des aspects importants.

Pour compliquer les choses, Fairtrade Canada est en processus de changement de symbole de certification équitable. Le symbole actuel en noir et blanc, qui montre une silhouette devant un globe terrestre, est remplacé par le logo circulaire bleu et vert de Fairtrade, inscrit dans un rectangle noir. «Pour les consommateurs, ça signifie la même chose: mêmes normes, mêmes certifications, même système, assure Michael Zelmer, directeur des communications de Fairtrade Canada. En optant pour ce symbole coloré, nous rejoignons le reste du monde, qui a déjà fait ce changement, y compris les producteurs.»

Pas tous, cependant.

Ajoutant à la confusion, certains petits producteurs de café, qui subissaient depuis quelques années le poids des multinationales dans le commerce équitable, ont fondé leur propre programme de certification, doté du Symbole des petits producteurs. «Ce sont eux qui déterminent ce qui est le plus équitable pour eux», explique Dario Iezzoni, directeur du marketing chez Brûlerie Santropol, qui a décidé de les appuyer sans pour autant délaisser Fairtrade.

Et il y a tous les autres. Ecocert (français) et Fair for Life (suisse) combinent quelques vertus équitables à l'agriculture écologique. La grenouille verte de la Rain Forest Alliance s'affiche pour la conservation de la biodiversité et la production durable. Utz Certified est une initiative néerlando-belge de production responsable de café et autres produits agricoles. Les World Fair Trade Organisation et Fair Trade Federation se consacrent avant tout à l'artisanat.

On s'y perd.

«Il y a un ménage qui doit inévitablement se faire», affirme Corinne Gendron, titulaire de la chaire de responsabilité sociale et de développement durable à l'UQAM. «Il y a malheureusement une logique de compétition entre les étiquettes, alors qu'au fond, l'objectif est de réformer l'acte de consommation, d'insuffler un peu de valeurs sociales à l'intérieur des circuits économiques.»

Elle croit que le commerce équitable pourrait en fait devenir un affluent majeur d'un plus large courant, celui de la consommation responsable. «C'est tout à l'avantage du mouvement vert et du commerce équitable de se parler, insiste-t-elle. Mon inquiétude, c'est que si le commerce équitable ne fait pas ce travail d'éducation des autres labels, la cause qu'il porte, qu'il est le seul à porter, ne sera pas entendue.»

Au Québec, entre-temps, la table équitable s'ordonne peu à peu. Un nouveau convive s'y est invité ce printemps: l'Association québécoise du commerce équitable. C'est un regroupement d'ONG et d'acteurs du secteur qui se voue à la promotion de cette cause. «On est en train de mettre en place le commerce équitable 2.0», constate Dario Iezzoni, qui est également membre de son conseil d'administration.

Il ne perd pas la foi. «Changer le monde ne se fait pas en une génération. J'ai confiance que mes petits-enfants vont voir les résultats de ce que je fais.»