La transaction de l'année en 2011? Selon l'International Financial Law Review, la palme pour les Amériques revient à la braderie du portefeuille de brevets de Nortel, pour 4,5 milliards de dollars US.

«Les grands de ce monde y ont participé: Microsoft, Apple, etc.», observe l'avocat en droit des affaires Clemens Mayr, associé chez McCarthy Tétrault. Sa firme avait représenté la canadienne Research In Motion dans cette transaction, à laquelle une quinzaine de cabinets ont pris part.

La transaction illustre plusieurs des tendances de l'année 2011: un montant important, un regroupement d'acquéreurs du même secteur, l'importance accordée au contenu.

Une bonne année

Les fusions et les acquisitions font le pain, le beurre et la confiture des grandes firmes de droit des affaires. L'an dernier, elles avaient de bonnes raisons de se réjouir. Les transactions au Canada ont atteint le nombre record de 3173 fusions et acquisitions, selon la compilation de PricewaterhouseCoopers (PwC). En valeur, le total de 189 milliards de dollars marque un progrès de 22% sur 2010 - et de 100% par rapport à 2008! Cependant, le sommet de 2007 est resté hors de portée.

L'explication de ces progrès: le financement était redevenu disponible. «Les banques ont rouvert le crédit et les acheteurs stratégiques, qui avaient été prudents avec leurs réserves de liquidité en 2009 et 2010, étaient assis sur des sommes importantes et ont procédé à des transactions», explique Nicolas Marcoux, associé et leader national Transactions chez PwC.

«Le Canada est un des territoires sur la planète où, par habitant, il y a eu les niveaux d'activité les plus sains», souligne-t-il.

L'année 2011 a connu un regain de transactions pachydermiques: le marché intermédiaire (ententes de 250 millions et moins) s'est contracté à 30% des transactions, alors qu'il avait excédé 40% au cours des deux années précédentes.

Les télécommunications ont notamment fait l'objet de nombreuses consolidations l'an dernier. «La course au contenu est un phénomène qu'on observe depuis quelques années», souligne Clemens Mayr, qui relève également beaucoup de mouvements dans le sous-secteur des médias sociaux.

Perspective québécoise

Le Québec a été la province canadienne la plus active pour les transactions sur la scène internationale. «Nos joyaux québécois ont profité du fait que l'économie avait quand même bien résisté à la tempête économique, et nos sociétés québécoises ont été en mesure de prendre de l'expansion dans des territoires plus difficiles», explique Nicolas Marcoux.

Mais tous les secteurs ne montrent pas une vigueur égale. «Du côté des sciences de la vie, c'est mort au Québec depuis trois ou quatre ans», indique Clemens Mayr.

Il relève également une diminution des entreprises en démarrage et un retrait du capital de risque dans le secteur des technologies. Il le déplore: «Notre croissance va venir de là, pas seulement des trous creusés dans le sol.»

Baromètre pour 2012

Que prédisent les augures pour les fusions et les acquisitions au Canada en 2012? «Ce qui m'encourage, c'est que les banques sont prêteuses en ce moment, répond Nicolas Marcoux. Les taux d'intérêt demeurent bas. Avec ces deux facteurs, les liquidités vont se promener. Je ne serais pas surpris de voir nos belles sociétés québécoises en mode acquisition en 2012.»

Les secteurs porteurs au Québec en 2012: les mines, la consommation, la santé et l'alimentation.

De son côté, Clemens Mayr montre à l'égard de 2012 un optimisme mesuré. «Je ne suis pas pessimiste, lance-t-il. Les indicateurs semblent tous pointer dans la bonne direction.»

Il rappelle cependant que les transactions avaient ralenti en fin d'année. «Au quatrième trimestre de 2011, on a connu une baisse marquée du niveau d'activité, qui ne s'est pas encore redressé en 2012, et qui est probablement attribuable à l'inquiétude à l'égard du système bancaire européen.»

En effet, les dettes européennes plombent lourdement l'horizon. Au contraire des banques canadiennes, moins exposées à l'étranger, les institutions financières européennes ont abondamment prêté sur la scène internationale. «Les banques européennes sont nombreuses à être devenues des joueurs globaux», indique-t-il. Si une ou deux de ces banques trébuchaient, «il y aurait des répercussions bien au-delà du continent européen».

Qui vivra, verra... et transigera.