Les principales exploitations minières du Québec sont en bonne santé financière et leurs expansions mettent en jeu des milliards. Leurs dirigeants voient l'avenir avec optimisme, en dépit de quelques revers de l'industrie en matières législatives et fiscales.

C'est ce qui se dégage de notre tournée annuelle des principales exploitations minières du Québec, effectuée à l'approche de la Semaine minière qui s'ouvre aujourd'hui.

La valeur des expéditions minérales a atteint un sommet de 7,7 milliards, une hausse de 70 % depuis 2006. Québec entrevoit des investissements records de 4,4 milliards cette année, comparativement à 2,6 milliards en 2010, incluant plus de 783 millions en dépenses d'exploration.

Les mines de fer comptent pour beaucoup dans cette explosion de l'activité minière québécoise.

Avec une production qui représente presque 40 % de la valeur des expéditions minérales du Québec, le secteur du fer a repris le leadership de l'industrie minière. Il avait cédé son premier rang dans les années 80 avec la fermeture de Schefferville et Gagnon.

Les projets d'investissement des deux exploitants de fer du Québec, d'une valeur de presque 3,5 milliards pour les quatre prochaines années, représentent aussi une part importante des investissements miniers.

Dans le secteur des métaux non ferreux (nickel-cuivre-zinc), la mine Raglan de Xstrata Nickel mène le bal. La petite mine Langlois, près de Lebel-sur-Quévillon, et la nouvelle mine Brisemac-McLeod, à Matagami, soutiendront une production minimale de zinc-cuivre dans la province.

Dans le secteur de l'or, la valeur de la production a atteint 1,3 milliard l'an dernier, presque 30 % de plus qu'en 2010.

En dépit de la fermeture de la mine Goldex, Agnico-Eagle demeure le chef de file dans la province. Ses activités au Nunavut et à l'international génèrent des retombées au Québec.

Vents contraires

Cette création de richesse, presque inespérée, a suscité de la convoitise de toutes parts.

D'abord, le gouvernement du Québec a haussé ses redevances et réduit ses échappatoires, tout en laissant les autochtones, et même des municipalités, se prévaloir du droit de prélever des redevances sur les ressources extraites.

Comme conséquence, le fardeau fiscal des exploitations minières du Québec est maintenant l'un des plus élevés au Canada.

À cela, le projet de loi 14 sur les mines accordera aux municipalités un droit de veto sur le développement de projets miniers à l'intérieur de leurs territoires. En Abitibi, où la plupart des municipalités ont été fondées à proximité des mines, là où la probabilité de trouver des gisements est la plus élevée, cela pose problème pour les entreprises minières.

Droit de parole

Serge Simard, ministre délégué aux Mines, qui a déposé le projet de loi 14, est fermement convaincu que le projet répond aux voeux de la population québécoise.

La loi donne le droit de parole à la population à toutes les étapes des projets miniers. De plus, chaque projet sera étudié par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), et ce, avant l'obtention du bail minier.

«C'est ce que la population nous a demandé, a dit M. Simard, à La Presse. Si on veut amener le Québec dans une nouvelle ère, c'est cela qu'il nous faut.»

Il rejette d'un revers de main les conséquences négatives sur les investissements miniers que pourraient causer ces nouvelles mesures législatives et fiscales.

«Nous avons eu 3,3 milliards d'investissements en 2011. Et nous avons augmenté de 38% nos dépenses d'exploration minière, a rappelé le ministre délégué. Des réactions comme ça, j'en prends.»