L'Ordre des ingénieurs du Québec n'a pas la réputation de compter un grand nombre de chômeurs, peu importe la spécialité. De plus, certaines catégories d'ingénieurs connaissent leur heure de gloire.

Les deux grandes écoles d'ingénierie à Montréal, l'École de technologie supérieure (ETS) et l'École polytechnique font la même constatation: les ingénieurs logiciels et informatiques sont en grande pénurie actuellement.

«Nous avons quatre offres de stage par étudiant en génie logiciel et TI», affirme Pierre Rivet, directeur du service de l'enseignement coopératif de l'ETS.

«L'an dernier, 78% des finissants dans cette spécialité avaient un emploi avant la fin de leurs études. On avait ensuite 21 postes offerts pour chaque candidat disponible», ajoute-t-il.

«Plusieurs étudiants ont choisi le génie informatique et logiciel au début des années 2000, mais avec l'éclatement de la bulle technologique, le secteur a été délaissé», explique Allan Doyle, directeur du service des stages et du placement à Polytechnique.

«On parle souvent des emplois à Montréal dans les jeux, mais c'est la pointe! Pratiquement toutes les entreprises ont besoin de gens en génie logiciel», affirme M. Rivet.

L'ETS remarque depuis 2008 une augmentation des inscriptions en génie logiciel, mais les besoins demeurent encore importants en ce moment pour le nombre de finissants disponibles.

En génie électrique, l'ETS remarque le même genre de pénurie.

«Lorsqu'on a 97 finissants pour près de 500 emplois offerts, c'est que quelque chose ne va pas. Trop peu de jeunes s'intéressent à cette spécialité pour répondre aux besoins du marché», affirme Pierre Rivet.

Même chose dans les mines

Le génie des mines est également un secteur où les finissants sont très recherchés, selon les constatations de Polytechnique.

«Le boom minier est de plus en plus fort et il manque d'ingénieurs miniers. La difficulté, c'est que ça nous prend un minimum de quatre ans pour former un ingénieur», explique Allan Doyle. Compte tenu de l'état des routes de la métropole, on peut imaginer que le génie civil est en forte demande. D'ailleurs, au Réseau des ingénieurs du Québec (RéseauIQ), on affirme que la pénurie d'ingénieurs civils est chronique.

«Ça durera encore quelques années, le temps de voir de nouveaux ingénieurs terminer leurs études. Nous croyons que le secteur du génie civil sera très fort pour encore 5 à 10 ans grâce aux nombreux gros projets d'infrastructures», affirme Étienne Couture, président du RéseauIQ.

Polytechnique remarque également que les ingénieurs industriels sont très recherchés.

«Le secteur manufacturier est en recul, mais il a besoin d'ingénieurs industriels pour restructurer les usines et améliorer la productivité», affirme M. Doyle.

Toujours très populaire auprès des jeunes, le génie mécanique est aussi en bonne position.

«Le taux de placement est très élevé. Il faut dire qu'il n'y a pas un secteur du génie qui va mal», affirme Pierre Rivet.

«D'autant plus qu'avec le génie-conseil qui se développe toujours, il y a énormément de possibilités pour les ingénieurs de différentes spécialités», ajoute M. Doyle.

En avril, Polytechnique verra ses premiers finissants terminer leurs études en génie aérospatial et en génie biomédical.

«Nous croyons que nous aurons de bons taux de placement, affirme M. Doyle. Le secteur de l'aérospatiale est fort à Montréal et les hôpitaux ont grand besoin d'ingénieurs maintenant en raison de l'équipement ultra sophistiqué.