Seul le temps sanctionne les grandes innovations. Mais toutes ont d'abord été de simples projets. Quel avenir nous préparent nos entreprises? Une série en six parutions. La semaine prochaine: le transport.

Les besoins des consommateurs sont les mêmes, mais les avancées technologiques ont révolutionné les produits et les façons de les transiger.

Financer son entreprise, obtenir un prêt hypothécaire, investir ses épargnes à la Bourse, tout ça n'a pas beaucoup changé.

Certes, on a développé plusieurs produits pour servir les consommateurs et les entreprises. Mais la façon de négocier a innové. Ce développement technologique ne cesse de s'accélérer.

L'internet a complètement modifié le comportement des clients des banques, explique Éric Paquet, directeur principal, Solutions transactionnelles aux particuliers à la Banque Nationale.

Depuis 20 ans, on a assisté à l'arrivée de la carte de débit et de son utilisation dans les supermarchés. Puis les guichets automatiques sont passés de fournisseur de devises à un comptoir bancaire permettant toutes les opérations: dépôts, retraits, paiements de factures.

Ensuite, avec l'internet, on peut maintenant faire toutes ses opérations dans le confort de son foyer. «Loin de vous éloigner de votre institution, l'internet permet au client une relation encore plus étroite avec elle», assure M. Paquet.

Ça ne s'arrêtera pas là. La mobilité est le prochain jalon, affirme Danny Desrosiers, directeur principal, Solutions internet et mobile chez Desjardins. «Le téléphone intelligent fait maintenant partie de la vie de presque toute la nouvelle clientèle de l'industrie financière», dit-il.

Si cette nouvelle clientèle peut acheter un voyage de 15 000$ et monter à bord d'un avion en n'utilisant que son téléphone, l'industrie financière n'a pas d'autre choix que de suivre cette évolution. Les applications mobiles seront au coeur de l'innovation en finance pour plusieurs années à venir. Actuellement, vous quittez la maison le matin avec en poche votre portefeuille, votre porte-clés et votre téléphone cellulaire, rappelle Jean-Michel Arès, chef, Technologie et opérations, BMO Groupe financier. «Mais bientôt, vous n'aurez plus que votre téléphone», dit-il. L'industrie des services financiers l'a compris.

1585 : Des marchands de Francfort uniformisent les taux de change des monnaies européennes

1602 : Création de la première Bourse, à Amsterdam

1697 : Premier marché de contrats à terme, à Osaka

1792 : Adoption du dollar américain par le Congrès des États-Unis

1792 : La Bourse de New York voit le jour

1817 : La Banque de Montréal ouvre ses portes

1872 : Contrats d'options échangés à Wall Street

1874 : Fondation de la Bourse de Montréal

1896 : Création de l'indice Dow Jones

1900 : Ouverture de la première caisse populaire Desjardins

1920 : Lancement d'une 1re carte de crédit pour payer du carburant (É.-U.)

1929 : La Bourse de New York crée un système de cotation par téléphone

1971 : Première cotation informatisée du NASDAQ

1982 : Naissance du courtage à escompte

1997 : Arrivée des plateformes boursières électroniques Archipelago, Island et Instinet

2002 : Lancement de l'euro

2007 : La Bourse de New York et Euronext fusionnent pour devenir le plus grand groupe boursier mondial

2020 : Disparition de l'euro?

Mobilité, portable et tablette électronique

Banques et institutions financières ont vite reconnu que la mobilité, cette capacité d'utiliser un téléphone portable ou une tablette électronique comme si c'était un ordinateur, est l'acteur du changement le plus important, explique Éric Paquet, de la Banque Nationale.

Et les banques ont déjà répondu en lançant un certain nombre d'applications mobiles qui permettent à l'utilisateur du téléphone intelligent de consulter ses états de compte, de payer ses factures, de faire des virements entre comptes, ainsi que des virements vers d'autres institutions. Il peut même gérer son utilisation en fixant ses propres limites afin d'ajouter un élément de sécurité additionnelle.

La mobilité est aussi sûre que l'internet, assure Éric Paquet. Bien que l'institution financière demeure responsable des pertes occasionnées par la fraude, les consommateurs s'en inquiètent également à cause des inconvénients qu'ils subissent lorsqu'ils sont victimes de fraude.

Les applications bancaires mobiles vont se multiplier, mais l'histoire enseigne qu'aucune méthode de paiement ne disparait complètement. Bien que l'internet soit là depuis 15 ans, vous pouvez encore payer vos factures par chèque.

L'internet, le centre de gravité bascule

L'utilisation de l'internet a modifié substantiellement la relation entre le client et son institution financière. Lorsque le client rencontre un planificateur ou conseiller financier à la banque, on veut qu'il se soit préparé grâce à des applications internet. Et on lui a fourni les outils.

Par exemple, pour les besoins en matière d'épargne et de la planification de la retraite, les institutions fournissent sur leur site internet les outils d'évaluation des besoins et une description des moyens pour les combler. «On veut que les clients commencent le processus par eux-mêmes», dit Danny Desrosiers chez Desjardins.

Même chose pour le financement. Le client peut évaluer ses besoins et mesurer l'impact de la décision qu'il prendra.

Ne reste plus qu'à finaliser la transaction avec le conseiller. S'il préfère, le client pourra même le faire par internet. «L'internet est venu faire basculer le centre de gravité, et cette tendance va se continuer», affirme M. Desrosiers.

Question de sécurité, la carte à puce

Ce n'est pas d'hier que les cartes de crédit causent des problèmes de sécurité pour les institutions financières qui les émettent. La fraude et le clonage existent depuis le moment même où ces cartes ont été lancées. Même chose pour les cartes de débit. Les coûts associés à ces activités illicites, dont les banques doivent assumer la responsabilité, ont toujours été élevés. Pour le contrer, l'industrie financière s'est dotée il y a quelques années de la carte à puce.

Toutes les cartes à puce (débit ou crédit) nécessitent que le détenteur compose un numéro d'identification personnel (NIP) pour conclure une transaction.

Parce que le système bancaire canadien est très concentré autour de six grandes banques, l'implantation de la carte à puce à été facile et rapide au Canada, explique Jean-Michel Arès, chef, Technologie et opérations, BMO Groupe financier. «Le déploiement est beaucoup plus lent aux États-Unis à cause du morcellement de l'industrie bancaire», dit-il.

Un conseiller en placement virtuel

Avec l'arrivée de l'internet, les investisseurs autonomes, clients des courtiers à escompte, ont troqué le téléphone pour le clavier de leur ordinateur. Les ordres d'achat et de ventes peuvent dorénavant être transmis directement par l'ordinateur.

L'industrie des services financiers n'allait pas s'arrêter là. Ils ont développé au cours des dernières années des sites où l'investisseur, en plus d'effectuer toutes ses transactions d'actions, d'options, d'obligations, de fonds communs et autres, a aussi accès à tous les instruments de recherche et d'analyses que les conseillers ont entre les mains.

C'est une véritable révolution dans la façon d'investir. Chez Courtage direct Banque Nationale, près de 90% des transactions se font par cette plateforme électronique et non plus par téléphone, indique le président, Nicolas Milette. En septembre, des applications mobiles étaient lancées.

Les investisseurs disposent aujourd'hui d'un conseiller en placement virtuel, et ils peuvent le rejoindre en tout temps à partir de leur téléphone intelligent.

Des produits pour la retraite

La conscientisation des individus, quant à leurs besoins financiers à la retraite, n'a pas échappé à l'industrie des services financiers. Celle-ci y a même participé activement par ses campagnes de publicité.

On a assisté à une multiplication des produits qui permettront aux investisseurs de prévoir et d'accumuler les sommes nécessaires à la retraite. Mais aussi pour leur permettre de naviguer à travers une conjoncture économique et financière en perpétuelle mutation.

Entre autres, les institutions ont créé des fonds à date fixe. Vous établissez le moment où vous désirerez décaisser votre fonds, disons dans 20 ans, et l'institution gérera vos épargnes en fonction de cet objectif. Elle prendra plus de risque au début de la période, mais de moins en moins alors que la date butoir approchera. «La gestion du risque se fait automatiquement», résume Serge Pépin, d'Investissements BMO. De plus, les institutions financières ont lancé une panoplie de billets de dépôt qui permettront aux détenteurs de toucher à partir d'un certain moment un pourcentage des sommes accumulés la vie durant. Pendant tout ce temps, le capital est garanti.

Développement des FNB et l'accès aux Hedge Funds

Au chapitre des produits d'investissement, l'innovation la plus marquante est le développement des fonds négociés en bourse (FNB). Ces fonds, qui s'achètent et se vendent à la Bourse comme les actions, permettent d'investir dans des secteurs spécifiques partout dans le monde. Ils permettent à l'investisseur passif de devenir un investisseur tactique, si tel est son souhait, et gérer activement son portefeuille. Comme les fonds les institutions et les grands investisseurs.

Mais aussi, longtemps la chasse gardée des aisés ou avertis, les hedge funds sont maintenant à la portée des investisseurs individuels. Réputés pour avoir fait la fortune des fonds de dotation de certaines grandes universités américaines (mais aussi pour avoir, dans certains cas, causé des pertes massives), ces fonds utilisent des stratégies de placement dites alternatives.

Les conseillers financiers de plein exercice des grandes firmes de courtage offrent maintenant à leurs clients des hedge funds qui ont été approuvés par le service de la conformité de la firme, indique Serge Pépin, directeur, Investissements BMO.

Au cours des 20 dernières années, les stratégies se sont multipliées. Il existe aujourd'hui environ 8 000 hedge funds et les actifs sous gestion totalisent près de 2 000 milliards.