Family office? C'est l'équivalent d'un majordome financier. Certains le traduisent par «bureau de gestion de patrimoine». Ce bureau s'occupe des menus problèmes domestiques dont vous n'avez ni le temps ni l'intérêt de vous occuper, notamment la gestion de vos centaines de millions de dollars.

Terry Jenkins, vice-président exécutif à la Banque privée Harris, qui détient le bureau de gestion de patrimoine Harris MyCFO, nous décrit la situation. «Pouvez-vous imaginer être une famille qui tente seule de coordonner la gestion d'investissements variés, la planification fiscale, l'information financière, les questions de succession, la gestion du risque, la philanthropie, l'éducation universitaire des enfants, les opérations bancaires, au travers de deux ou trois générations d'une même famille, qui vivent dans différents endroits ou pays? C'est terriblement difficile.»

À chacun ses misères...

À l'origine, ces bureaux de gestion de patrimoine ont été créés pour les besoins d'une seule famille - le prototype serait le family office formé par John D. Rockefeller en 1882.

Unifamilial ou multifamilial

Les coûts d'une telle organisation sont de l'ordre de 0,5% de la valeur nette du patrimoine, indique Terry Jenkins. Pour un patrimoine de 200 millions, la facture annuelle avoisine donc un million de dollars.

«Votre million ne vous mène pas très loin, prévient-il aimablement. Vous avez des conseillers, un bureau, de l'équipement. Un single family office (bureau de gestion de patrimoine unifamilial) devient rapidement hors de prix.»

Pour réduire les coûts, certaines familles ont donc réuni leurs family offices pour former des bureaux de gestion de patrimoine multifamiliaux. Suivant ce filon, des bureaux de gestion de patrimoine ont été fondés par des groupes financiers pour offrir eux aussi leurs services au tout-venant multimillionnaire.

Par exemple, le Groupe conseil privé de Desjardins propose les services de son «Multi-family Office», ou MFO. Le client type est un entrepreneur dont l'actif investissable est d'au moins 10 millions.

BMO Banque de Montréal, et son bureau Harris MyCFO, occupe le neuvième rang sur la liste des plus importants bureaux de gestion de patrimoine au monde publiée en septembre dernier par le magazine Bloomberg Markets. Ses 250 clients se partagent des actifs de 18 milliards.

En tête de la liste, HSBC Wealth Solutions, de Hong Kong, a déclaré des actifs totalisant 102 milliards de dollars au 31 décembre 2010. Chacun de ses 235 clients détient donc en moyenne quelque 434 millions.Comment investir ces montagnes de fric dans un monde en changement? C'était - à quelques mots près - le thème du Family Office Forum tenu en marge de la Conférence de Québec.

Le Family Office Forum

«L'idée était de réunir des gens qui voulaient agir, qui prenaient des décisions, qui étaient impliqués plus ou moins directement dans des décisions d'investissement», explique le président de Granite&Pine Investments, Graeme Johnson, qui présidait cette rencontre. «Ce sont des gens qui investissent pour le long terme, et qui sont souvent dans l'avant-garde, les technologies de pointe et les nouvelles entreprises.»

Le Forum a réuni les représentants d'une trentaine de bureaux de gestion de patrimoine, en majorité unifamiliaux - des bureaux comme le Forbes Family Trust, fondé en 2009 par la famille propriétaire du fameux magazine Forbes. Cette firme offre maintenant ses services à huit familles, notamment «des services de conciergerie incluant la gestion de collections artistiques ou la maintenance d'avions,» décrit son président Keith M. Bloomfield.

Ce sont toutefois les conseils en investissement qui la distinguent. «Les single family offices n'ont pas toujours les ressources pour engager une équipe de spécialistes en investissement, précise-t-il. Ils confient souvent cette responsabilité à des firmes comme la nôtre, pour se concentrer sur la gestion des questions familiales plus personnelles.»