Quand on entend PME, on comprend petites entreprises. Mais dans PME, il y a aussi moyennes. Quelles sont-elles ? Comment le deviennent-elles ? Quels sont leurs défis ? La Presse présente le huitième sujet d'une série de neuf parutions sur ces méconnues.

La gigantesque imprimante à jet d'encre déroule sous nos yeux une bande de papier de 10 pieds de largeur, qu'elle imprime aux couleurs... des Bruins de Boston. N'en déplaise aux Canadiens, PNH Entreprises, de Dorval, joue sur la scène nord-américaine.

Sur une autre presse, les couleurs de l'ennemi juré seront ensuite transférées de la bande de papier à une toile de polyester, où elles seront imprégnées à la chaleur.

Tout à côté, on achève l'installation d'une nouvelle imprimante grand format de fabrication autrichienne, qui pourra imprimer directement sur polyester, à une cadence dix fois plus élevée. Son prix: 500 000$.

En investissant dans l'équipement dernier cri, PNH Entreprises s'est hissé dans le trio de tête des entreprises en impression grand format sur textile en Amérique du Nord.

Elle les transforme en affiches, en bannières, en tentes promotionnelles, en drapeaux, tous imprimés d'images d'une surprenante précision: sur une immense toile étendue sur le sol de l'usine, une jolie blonde nous fixe d'un iris lumineux, de la taille d'un ballon de basketball. Troublant...

PNH Entreprises emploie 70 employés. En 2003, elle n'en comptait que huit. Fondée en 1990 par Philip Habib, qui en est toujours le président, elle se spécialisait dans la distribution de matériel promotionnel.

Impression grand format

Sentant le vent tourner, Philip Habib et son vice-président finances, François Hudon, ont alors imprimé un virage draconien à l'entreprise, en la réorientant vers l'impression grand format, encore balbutiante.

Cette nouvelle destinée obligeait l'entreprise à faire l'acquisition d'un parc d'appareils aussi sophistiqués que coûteux.

«C'était une nouvelle technologie que les banques ont bien comprise et elles nous ont bien soutenus», indique François Hudon.

«L'entreprise avait quand même un avoir propre suffisamment intéressant pour mitiger le risque pour la banque, ajoute-t-il, et le fait que nous étions déjà dans le domaine a grandement appuyé notre demande auprès des banques.»

C'était le bon temps, celui d'avant la crise de 2008-2009. «Les banques ont énormément resserré leurs critères de financement, poursuit-il. Si on pouvait financer 100% d'une presse il y a huit ans, les banques vont maintenant vouloir en financer 70%, le reste provenant du fonds de roulement ou des actionnaires qui s'impliquent davantage dans l'entreprise.»

Le passage de la crise financière a été difficile, mais pour les survivants, elle a créé des occasions d'affaires. Soutenue par une banque d'affaires, PNH a racheté un concurrent torontois mis en faillite en 2009.

La course innovante est un sprint sans fin. PNH doit investir à répétition dans des appareils coûteux qui seront rapidement désuets.

Ainsi, l'emprunt pour l'imprimante autrichienne de 500 000$ est amorti sur cinq ans, «une période qui représente assez bien la vie utile de l'équipement, pourvu qu'on achète de l'équipement à la fine pointe de la technologie au moment de l'achat», décrit François Hudon.

Cet automne, PNH installera une table de coupe au laser et renouvellera son parc de machines à coudre. Comptez 250 000 à 300 000$.

Dans l'objectif de fabriquer elle-même les structures de tentes promotionnelles qu'elle importe pour instant de Chine, PNH fait usiner au Québec les moules nécessaires. Encore 100 000$.

Il faut faire grande impression sur les banquiers.