Les moyennes entreprises ont la taille idéale entre la créativité échevelée des petites entreprises et la lourde machine innovatrice des grandes. «Une étude néerlandaise montre que l'innovation vient des petits groupes, et quand elle provient de grandes entreprises, c'est qu'elles l'ont achetée d'une petite», rappelle Pierre-André Julien, professeur émérite à l'Université du Québec à Trois-Rivières et spécialiste de l'entrepreneuriat et de la PME.

Une entreprise de taille moyenne peut encore investir toute sa troupe d'une mission - sacrée! - d'innovation: «Au point de vue de la technologie, les gazelles (les championnes de la croissance) sont au même point que les autres, décrit-il. Mais au point de vue de l'organisation, donc du personnel, c'est autre chose.»

Chez elles, l'innovation infuse toute l'entreprise. Tous les employés sont dans le coup.

«Être dans le coup, c'est constituer des équipes semi-autonomes, qui ont le droit de prendre des décisions», donne-t-il en exemple. Il cite une entreprise québécoise spécialisée en peinture industrielle où les équipes peuvent dépenser jusqu'à 10 000$ par année en initiatives innovantes sans demander d'autorisation.

La taille de la moyenne entreprise lui permet de ne pas mettre tous ses espoirs et ses fonds dans une seule innovation. Avec un portefeuille de trois ou quatre innovations, comme le recommande Pierre-André Julien, l'échec d'un nouveau produit pourra être compensé par le succès d'un autre.

«Un nouveau produit n'est pas le royaume des ingénieurs», insiste de son côté Josée St-Pierre, professeure titulaire au département des sciences de la gestion de l'UQTR et spécialiste en gestion de l'innovation dans les PME.

Les gens de marketing, de finance et de production, en provenance de niveaux hiérarchiques variés, doivent contribuer aux éruptions créatives. «Cette multidisciplinarité permet d'apporter différentes idées très tôt dans le processus», indique-t-elle.

Audace et ouverture

Pour les moyennes entreprises, un des enjeux consistera à installer un climat de travail qui favorise la créativité, mais qui ne pénalise pas indûment l'audace de ceux qui sortent des sentiers battus.

«L'innovation, c'est neuf échecs sur dix essais, souligne Josée St-Pierre. Si on ne permet pas à notre personnel de tenter des choses, ne serait-ce que changer l'espace de travail ou bonifier un logiciel, ça risque de nuire au climat de créativité.»

Enfin, la moyenne entreprise doit instaurer une culture de l'innovation. Certaines initiatives peuvent être relativement peu coûteuses, par exemple l'organisation de dîners innovation à intervalle régulier, où les idées sont échangées sans contrainte et sans façon. L'impulsion du chef d'entreprise est à cet égard primordiale.

Josée St-Pierre donne l'exemple d'un ministère de la PME qu'elle a visité dans un pays africain, où l'on avait installé une boîte à suggestions. Elle n'était jamais ouverte. Conclusion: la direction doit faire preuve d'ouverture.

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