Les agences de location de voitures offrent toujours à leurs clients une protection en cas de vol ou d'accident. Mais la prime est élevée, facilement de 20 à 30$ par jour, ce qui peut faire doubler le prix de la location.

Heureusement, il existe d'autres avenues pour assurer un véhicule loué, soit l'avenant 27 des polices d'assurance automobile conventionnelles, ou encore la couverture offerte avec les cartes de crédit. Ces deux solutions ne coûtent presque rien, mais provoquent parfois des accrochages...

En mars dernier, M. Noiseux a loué une Toyota Camry pour son fils. Il a payé avec sa carte de crédit qui est assortie d'un programme d'assurance complet. Son fils était aussi couvert avec sa propre police d'assurance auto chez Innovassur. M. Noiseux a donc refusé l'exonération pour les dommages par collision (EDC) proposée par Discount. Inutile d'être assuré en triple! Mais voilà qu'il a l'impression de payer la franchise en double...

En effet, le fils de M. Noiseux a eu un accident avec la voiture louée. C'est Innovassur qui a couvert les dommages d'environ 7000$. Pourtant, Discount a prélevé 250$ sur la carte de crédit de M. Noiseux, en guise de franchise. «Pourquoi Discount me retient 250$, alors que l'assurance de mon fils a payé pour tous les dommages?», se demande M. Noiseux.

En fait, Innovassur n'a pas tout remboursé. «Innovassur a envoyé un chèque pour le montant de la réclamation moins la franchise de 250$ du client. Étant à court de 250$, Discount a donc imputé le montant sur la carte du père. Aucun montant n'a été versé directement par le fils», insiste Joan Beauchamp, porte-parole de la Banque Nationale qui distribue les produits d'Innovassur.

Discount confirme qu'il s'agit de la mécanique habituelle dans l'industrie: «L'assureur nous rembourse le montant total des dommages, moins la franchise de son client. Jamais l'assureur ne va demander à son client de lui faire un chèque pour la franchise. Je n'ai jamais vu ça de ma vie», dit Robert Lalonde, vice-président chez Discount au Québec.

À l'aube des vacances d'été et de la saison des déménagements, M. Lalonde profite de l'occasion pour faire une mise en garde. «Quand vous louez un véhicule, ne tenez pas pour acquis que votre carte de crédit vous couvre, dit-il. Ne courez pas de risque: vérifiez chaque fois. Il y a des clients qui se retrouvent avec des factures de 15 000$ parce qu'il y a des exclusions», dit-il.

Exclusions de la carte de crédit

Il existe 70 cartes de crédit assorties d'un programme d'assurance pour la location de voiture, dont une vingtaine sans frais annuels, selon l'Agence de la consommation en matière financière du Canada. Or, chaque carte a ses restrictions. Voici des exemples:

> Le client doit payer la totalité de la location avec sa carte. S'il change de mode de paiement en cours de route, il perd la couverture.

> Le client doit refuser l'exonération pour les dommages par collision (EDC) offerte par l'agence de location. Autrement, l'EDC lui fait perdre les privilèges associés à sa carte de crédit.

> La protection se limite souvent à une période de location de 48 jours consécutifs, parfois moins. Si la durée excède 48 jours, la protection tombe, même pour les 48 premiers jours.

> La carte doit être en règle.

> La plupart des véhicules sont couverts y compris les utilitaires sport et fourgonnettes de huit passagers et moins... mais pas les fourgonnettes plus grandes à usage commercial, ce qui crée parfois de la confusion.

> Autres exclusions fréquentes: les camions, les camionnettes, les limousines, les caravanes, les remorques, les motocyclettes, les minibus, les autobus, les véhicules de luxe (ex: Porsche, Rolls-Royce, Ferrari). Par contre, ça va pour les BMW, Mercedes et Cadillac... en autant que la valeur n'excède pas une certaine somme, 65 000$ par exemple.

> La couverture ne s'applique pas avec la formule achat-rachat.

L'avenant 27, pas automatique

Il y a moins d'exclusions avec l'avenant 27. Cet avenant «transpose les conditions de la police d'assurance de votre auto sur les autres véhicules dont vous prenez le volant», explique Anne Morin, porte-parole du Bureau d'assurance du Canada.

Mais la protection est souvent limitée à un véhicule de tourisme d'une valeur maximale de 50 000$ et d'un poids inférieur à 10 000 livres (attention: le camion de déménagement dépasse souvent cette limite).

Le problème, c'est que l'avenant n'est pas automatique. Plusieurs assureurs l'ajoutent à toutes les polices. D'autres l'offrent pour un montant assez faible (ex: 30$) avec un bouquet d'autres protections.

Or, certains clients convaincus d'avoir l'avenant 27, refusent l'exonération de l'agence de location. Ils réalisent après coup qu'ils ne sont pas couverts. «Ça arrive chaque année», déplore M. Lalonde.

Parfois, la personne qui a loué le véhicule dispose bel et bien de l'avenant 27. Mais elle prête le volant à un autre conducteur qui n'a pas d'assurance auto ou qui n'a pas l'avenant sur sa police. Le passager risque de ne pas être couvert.

Une réclamation d'assurance pour une voiture de location accidentée.