Les services web pour entreprises sont nombreux et spécialisés, mais un vide s'est formé dans un créneau pourtant crucial pour toute petite entreprise, encore plus pour les travailleurs autonomes: celui de la gestion de projet et de la facturation. C'est là qu'entre en scène Kiwili, nouveau service en ligne créé à Montréal, visant justement à combler ce vide.

«C'est un vide inexplicable. D'autres outils, comme Salesforce, sont devenus des géants, mais il reste un besoin à combler du côté de la gestion de projets pour les petites entreprises, allant jusqu'à la comptabilité de base. C'est un vide encore plus important au Québec, où les services en français qui comprennent comment fonctionnent TPS et TVQ sont encore plus rares», explique Nadir Aboura, président de la société de conception web Onyris, à Montréal, qui a également conçu Kiwili.

M. Aboura et son équipe d'environ dix personnes ont donc créé un service web qui est offert gratuitement aux PME ou travailleurs autonomes possédant moins de trois clients. Ensuite, le prix varie de 10 à 50$ par mois, selon le degré d'utilisation.

«Pour le moment, nous nous adressons aux PME de moins de 50 employés. Nous avons créé un espace où l'entreprise peut gérer le temps de ses travailleurs, les projets sur lesquels ils travaillent et les clients pour lesquels ils font ces projets. On peut associer des devis, des dépenses et des factures à chacun de ses projets ou de ses clients. En fait, nous avons créé l'outil qu'on aurait aimé avoir chez Onyris, et lui avons donné une vie propre sous forme de service web.»

Un écosystème d'applications compatibles

Mis en place de façon plutôt discrète au début avril, Kiwili nourrit des ambitions aux antipodes de ce lancement en douce: le service est offert dans 160 pays, et compte déjà quelques clients en Europe et aux États-Unis. Une couverture médiatique favorable sur d'importants portails étrangers spécialisés dans le secteur des applications web n'a pas nui à ce phénomène.

Ses concurrents sont des applications web reconnues comme FreshBooks et BaseCamp, des outils de gestion de projet et de facturation, mais loin d'avoir une emprise aussi imposante sur leur créneau qu'ont Amazon ou Saleforce sur leur domaine respectif.

Alors que le marché des applications infonuagiques se met tranquillement en place, Nadir Aboura estime que les services qui se démarqueront du lot seront ceux favorisant une meilleure interopérabilité, favorisant l'échange de données d'un service à un autre.

La prochaine grande mise à niveau de Kiwili sera justement de créer une interface de programmation (API) qui permettra de le combiner à d'autres services web complémentaires, comme Dropbox ou Salesforce.

«C'est comme ça que j'imagine l'avenir de l'infonuagique: un écosystème de service en nuage, qui fonctionne entre eux de façon entièrement transparente», dit M. Naboura. Quand on a une petite équipe, il faut souvent tout faire tout seul. Peu coûteux, des services web comme Kiwili rehaussent la qualité du résultat, faisant passer la PME pour une plus grande entreprise. C'est ce qui les rend si attrayants, conclut l'entrepreneur montréalais.