Officiellement propriétaires de la cidrerie Fleurs de pommier depuis juin 2010, Anouschka Bouchard et Rémi Fillion - et leur douce moitié respective - auront énormément de pain sur la planche au cours des prochaines années. Ils veulent, disent-ils, «amener encore plus loin» ce que les anciens propriétaires, Hélène Doucet et son conjoint Steve Levasseur, ont fondé en 1992 à Dunham.

En plus de parfaire leurs savoirs en agriculture - ils n'y connaissaient strictement rien avant l'an dernier -, Mme Bouchard et M. Filion veulent, entre autres choses, créer de nouveaux produits, retaper leur cidrerie - tant à l'intérieur qu'à l'extérieur -, élargir leur réseau de distribution, planter de la vigne, attirer plus de visiteurs dans leur verger et modifier l'image des produits existants. Ils sont par ailleurs sur le point de changer le nom de la cidrerie.

Au cours des deux prochaines années, les nouveaux cidriculteurs seront épaulés par les anciens propriétaires, Hélène Doucet et Steve Levasseur. Stéphanie, fille du couple Doucet-Levasseur, les aidera également. De la transformation de la pomme à l'administration d'une cidrerie, en passant par l'exploitation d'un verger, tout sera passé en revue.

Il y a quelques années, Rémi Fillion, 37 ans, voulait réorienter sa carrière. Il en a discuté avec le conjoint d'Anouschka Bouchard, 38 ans, ami de longue date. Les deux hommes et leurs conjointes se mettent donc en mode recherche et entendent parler d'une cidrerie qui serait possiblement à vendre sur la route des vins à Dunham. Après inspection, les couples sont intéressés, les vendeurs aussi. Le processus d'acquisition durera neuf mois et il sera décidé que Mme Bouchard et M. Filion dirigeront l'entreprise pendant que leurs conjoints conserveront leur emploi régulier.

Coup de coeur... de pomme!

Les quatre nouveaux propriétaires sont littéralement tombés amoureux de la cidrerie Fleurs de pommier, laquelle est située à Dunham, au coeur de la route des vins. «Ç'a tout de suite cliqué avec les anciens proprios. La situation géographique et les produits offerts nous ont tout de suite séduits», explique Rémi Fillion, père de deux garçons.

La cidrerie Fleurs de pommier se distingue grâce à un produit créé par Hélène Doucet et Steve Levasseur: le cidre de feu. Commercialisé sous le nom Pommeau d'Or, cet apéro liquoreux est en fait à l'opposé du cidre de glace, lequel est créé à partir du froid. Le cidre de feu est élaboré grâce à la chaleur, un peu à la manière du sirop d'érable. Le Pommeau d'Or a remporté le mois dernier une médaille d'argent dans le cadre du troisième Prix du public Québec.

Sur leur domaine de 50 acres, où 5500 pommiers sont en production, Anouschka Bouchard et Rémi Fillion continueront de créer sept produits: deux cidres de feu, un cidre tranquille, un cidre «méthode ancestrale», de même que deux cidres aromatisés.

À cela s'ajoutera dans les prochaines années un cidre de glace - dont les tests de production ont déjà commencé -, de même qu'un cidre qui s'inspire de la méthode champenoise.

Aussi, les nouveaux propriétaires comptent planter près de 7000 plants de vigne dans un avenir rapproché. Que du cépage blanc. De la recherche et développement est entre autres au menu avec des vinifera (cépages nobles) comme le riesling et le chardonnay. «On aimerait produire du vin de glace et des vendanges tardives pour exploiter le climat», dit Rémi Fillion.

Bref, beaucoup de projets inspirants en perspective pour les néo-cidriculteurs. Vue de l'extérieur, leur nouvelle vie semble idyllique. Peut-être, mais ils savent pertinemment qu'elle nécessiterait de nombreux sacrifices.

«On ne va pas se verser de salaires durant les premières années même si la somme de travail est importante. On travaille de six à sept jours par semaine. On se bâtit un patrimoine. Le fait de transformer un produit et de voir les gens y goûter, ça nous amène à vouloir nous dépasser», disent-ils à l'unisson.