Selon Jacques Deschênes, président de l'Institut québécois des familles en affaires, il est impératif de penser à sa relève, ou à tout le moins d'entamer une réflexion sur le sujet, le plus tôt possible.

«Au plus tard à 55 ans, dit-il, il faut commencer à se poser la question: qu'est-ce que je fais?

Est-ce que je continue avec des membres de ma famille, avec une autre relève ou est-ce que je vends carrément l'entreprise?»

Et d'ajouter: «Le gros problème avec la plupart des entrepreneurs, c'est qu'ils attendent trop longtemps. Et ils deviennent confus au moment de passer à l'action, car ils n'ont pas eu le temps de mûrir leur affaire. Ils doivent se rappeler qu'ils sont mortels comme tout le monde. Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables», ironise-t-il.

Jacques Deschênes sait de quoi il parle. Cet homme d'affaires, aujourd'hui âgé de 75 ans, a bâti le Groupe Deschênes. L'entreprise spécialisée dans la distribution d'équipements de plomberie et de composants électriques emploie 1600 personnes. Son chiffre d'affaires dépasse le demi-milliard de dollars.

«Ma première idée n'était pas de céder l'entreprise à mes fils Martin et François. Des fois, on peut être père poule. C'est pourquoi j'ai créé un comité consultatif composé de gens neutres, c'est-à-dire qui ne sont pas des amis proches ou des professionnels (avocat, comptable, etc.) qui travaillaient avec moi, explique celui qui demeure président honoraire du conseil d'administration de Groupe Deschênes. J'encourage les gens à en faire autant.»

L'homme d'affaires est donc allé chercher des gens ferrés entre autres en gestion et en distribution dans des entreprises existantes. Notamment chez Agropur et chez Acier Leroux. «Mon fils Martin a participé à ces rencontres. Les membres invités ont découvert Martin et c'est lui qu'ils ont identifié pour être mon remplaçant. Ils m'ont ouvert les yeux», avoue Jacques Deschênes.

Enfin, l'entrepreneur tient à rappeler quelques éléments de base en matière de préparation de la relève: «Il faut en parler avec sa famille et planifier tout l'aspect légal et fiscal lorsqu'on vend ou qu'on cède son entreprise. Aussi, il est très important de se demander ce qu'on va faire après la retraite, car si on ne s'y prépare pas, la coupure peut être trop radicale», dit-il.