L'univers du spectacle est plus mondialisé que jamais. Les tournées mondiales de super groupes musicaux sont l'affaire de deux ou trois grands organisateurs mondiaux. Fondée en 2006 pour répondre à une demande pressante du Cirque du Soleil, la société montréalaise Outbox Technologie se positionne discrètement au sommet de ce marché, offrant des solutions de vente de billets et de produits dérivés à la fine pointe de la technologie.

Ces solutions intègrent depuis peu des outils d'analyse des données qui permettent aux clients, incluant le Cirque du Soleil, le Kodak Center à Los Angeles, le Centre Bell et le Canadien de Montréal, entre autres, d'accroître les revenus tirés de la vente de billets et de produits dérivés de leurs événements.

«Nous offrons déjà une solution clé en main incorporant des outils de gestion de la relation avec la clientèle. Nous venons d'y ajouter une interface qui intègre les outils de veille les plus populaires sur le marché. Avec tous ces outils, une entreprise mondialisée comme le Cirque du Soleil comprend comment fonctionnent des dizaines de marchés répartis partout sur la planète et peut ajuster sa stratégie de vente de billets en conséquence», explique Jean-Françoys Brousseau, fondateur et président d'Outbox Technologie.

Gérant quelques dizaines de spectacles sur quatre continents, le Cirque du Soleil tire une part imposante de ses revenus de la simple vente de billets. Pour ce géant mont-réalais du divertissement, pouvoir identifier les bons moments pour vendre ses billets au plein prix, au rabais ou en forfaits spéciaux fait toute la différence.

Une bonne veille assure que l'entreprise contrôle ses dépenses et maximise ses revenus. En offrant une plateforme transactionnelle qui intègre déjà des outils de veille, Outbox offre non seulement la chance à ses clients d'améliorer leur rendement, il accroît aussi ses propres revenus. «À travers notre plateforme de vente en ligne, on possède déjà les données sur les acheteurs. En intégrant des outils de Business Intelligence (BI), notre technologie est plus riche, sans nous demander beaucoup plus d'effort.»

Les Nordiques et les Expos

M. Brousseau travaille dans le milieu de la vente de billets depuis le début des années 80. Son premier client: les Nordiques de Québec. Puis sont venus les Expos de Montréal. C'est lui qui a fondé le réseau Admission, en 1988, racheté par le géant américain Ticketmaster, en 2000. C'est en quelque sorte à la demande de Guy Laliberté, que M. Brousseau a créé Outbox, six ans plus tard.

«M. Laliberté était à la recherche d'un service de billetterie capable de s'ajuster au contexte mondial, pas juste à celui des salles nord-américaines.» C'est de là qu'est née l'entreprise.

Aujourd'hui, Outbox emploie une trentaine d'employés à Montréal, et une poignée à Los Angeles, mais la situation va changer rapidement: une entente survenue au début de février avec le groupe AEG, le deuxième plus important groupe de gestion de spectacle et d'événements sportifs sur la planète, force l'entreprise à embaucher massivement tant ici qu'en Californie.

Croître par l'innovation

«AEG confiait sa vente de billets à Ticketmaster, mais cette dernière a été acquise en 2009 par LiveNation, son principal concurrent. AEG était donc à la recherche d'un nouveau partenaire et c'est tombé sur nous, ce qui nous positionne comme le nouveau numéro deux dans ce marché, derrière Ticketmaster.»

Pour Jean-Françoys Brousseau, c'est évidemment une excellente nouvelle, et ce, pour deux raisons: d'abord, un partenariat avec un géant comme AEG a un effet immédiat sur la crédibilité d'une entreprise.

«On se bat contre une entreprise qui a 20 ans d'expertise. Alors que Ticketmaster mise beaucoup sur sa marque, nous avons décidé d'être plus discrets et de miser sur des produits innovateurs utilisant les nouvelles technologies. Ce partenariat avec AEG confirme qu'on a fait le bon choix.» L'annonce, qui a eu lieu au début de février, a instantanément secoué d'autres groupes dans l'industrie, qui ont rapidement pris contact avec l'entrepreneur montréalais pour conclure de nouvelles affaires.

Il y a un autre facteur de réjouissance pour M. Brousseau, qui ne l'avoue pas directement. On sent qu'il aime bien AEG pour son intérêt manifeste envers la création du nouveau Colisée à Québec. L'entreprise californienne, qui gère déjà le Staples Center des Kings de Los Angeles, aurait proposé ses services au maire de Québec, Régis Labeaume, afin de s'occuper de la gestion des spectacles de ce futur Colisée.

Si ça s'avérait et qu'il devait fournir les outils de vente de billets aux futurs Nordiques de Québec, Jean-Françoys Brousseau pourrait dire qu'il a bouclé la boucle de belle façon. À un détail près: il lui faudrait ensuite organiser le retour des Expos à Montréal!