Des finances personnelles bien gérées sont à la base de la réussite financière. Dans cette série de quatre chroniques, nous analysons ce qu'il faut savoir pour prendre les bonnes décisions d'investissements. Dans ce quatrième et dernier article, on s'intéresse aux femmes et à la retraite.

Les femmes doivent bâtir leur propre plan financier en vue de la retraite, et elles doivent le faire le plus tôt possible.

Les temps ont bien changé, explique Lee Ann Davies, directrice des stratégies de retraite au Groupe financier RBC. Avec la première génération de baby-boomers atteignant la retraite, arrive aussi la première génération de femmes avec leurs propres économies, et pour plusieurs leurs propres caisses de retraite.

Fini l'époque où les femmes vivaient grâce aux revenus de retraite de leurs maris.

Pour cette première génération de femmes boomers, la retraite sera différente, et elle doit se planifier en fonction de cette nouvelle réalité, ajoute Hélène Gagné, associé et gestionnaire de portefeuilles chez PWL Capital.

Si elles ont besoin d'un bon plan financier, c'est que certains facteurs les défavorisent durant les étapes de la préparation à la retraite, selon Mme Davies.

D'abord, le temps consacré au travail est souvent moins stable chez les femmes que chez les hommes. Par exemple, l'arrivée des enfants cause des interruptions de travail.

C'est pourquoi les femmes arrivent généralement à la retraite avec moins d'argent que les hommes.

De plus, bien que l'écart ait tendance à s'amenuiser, les femmes travaillent encore pour un salaire inférieur à celui des hommes. Leurs salaires équivalent à environ 70% celui des hommes. S'en suit qu'elles contribuent moins à leur Régime enregistré d'épargne-retraite (REER).

Enfin, comme elles contribuent moins longtemps au régime public, les prestations qu'elles recevront de la Régie de rentes du Québec (RRQ) seront en moyenne de 200$ par mois inférieures à celles des hommes.

Des obstacles

Souvent la planification de la retraite n'est pas chose aisée pour les femmes, car elles se heurtent à des obstacles particuliers, ajoute Hélène Gagné.

D'abord, le manque de temps. Les femmes travaillent moins longtemps que les hommes.

De plus, les femmes vivent souvent avec la crainte de tout perdre à la suite d'un divorce ou de la maladie.

Enfin, l'obstacle le plus grand est souvent le manque d'intérêt des femmes pour la chose financière. Elles ont généralement laissé à l'homme le soin de gérer le portefeuille.

Pour leur part, elles se contentaient d'administrer le budget. «Les femmes délèguent trop souvent aux hommes les décisions de placement», dit Hélène Gagné. Cela devient un réel problème étant donné que le pourcentage de divorces est encore en croissance pour le groupe d'âges de 50 ans et plus.

L'espérance de vie

Ce qui complique la gestion de la retraite chez les femmes, c'est que leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes d'au moins 5 ans. Les femmes vont vivre en moyenne jusqu'à 86 ans. Une sur quatre vivra jusqu'à 92 ans. Mais lorsqu'elles atteindront 71 ans en moyenne, elles commenceront à connaître certains problèmes de santé, rappelle Lee Ann Davies, directrice des stratégies de retraite au Groupe financier RBC. Cela implique qu'elles auront besoin de plus d'argent que les hommes pour assumer les coûts de logement et de soins de santé, entre autres. Le plan financier doit donc tenir compte du fait que les femmes vivant en couple pourraient se retrouver seules plus rapidement que les hommes. En fait, on recense au Canada quatre fois plus de veuves que de veufs. Le mode de vie a aussi beaucoup changé, et les familles sont plus petites. Les femmes ont moins d'enfants pour s'occuper d'elles qu'avant.

9 conseils aux femmes pour préparer leur retraite

La planification de la retraite est le pivot du plan financier, selon Hélène Gagné, associé et gestionnaire de portefeuilles chez PWL Capital. Voici les principaux conseils qu'elle prodigue aux femmes quant à la préparation de la retraite.

- Commencer tôt. Rarement va-t-on commencer à penser à la retraite avant l'âge de 45 ans. Et c'est bien malheureux, car on va se priver de la magie du rendement composé. Plus on commence tôt à épargner et à investir, plus vite les revenus de nos placements généreront eux-mêmes de nouveaux revenus.

- Envisager la préparation à la retraite comme une dette à soi-même. Et pour faire face éventuellement à cette dette, elle suggère d'épargner une certaine somme de façon systématique.

- Actualiser sa planification financière à chaque étape vers la retraite. Par exemple, il y a fort à parier que toute planification faite avant 2008 ne tient plus. La chute des marchés boursiers fait en sorte que les montants que l'on avait prévu accumuler doivent être réévalués à la baisse.

- Penser aux revenus. Lorsque viendra le moment du décaissement, ce sont les revenus du portefeuille qui seront importants. Il serait dangereux de compter alors sur des gains en capitaux pour assurer ses revenus de retraite.

- Demeurer engagée dans tout le processus. Les femmes ne doivent pas avoir une confiance aveugle envers les gens à qui elles confient leur gestion. «Il faut être confiant, mais pas aveugle», dit Hélène Gagné.

- Maintenir un bon équilibre dans la composition de leurs portefeuilles de placements. Pas trop prudente, mais pas trop risquée. «Il faut prendre les risques qui valent la peine, mais pas plus», dit-elle.

- Attention également au risque de concentration. La diversification demeure la meilleure façon de sécuriser son portefeuille.

- Éviter absolument la tentation de vouloir synchroniser les marchés. Tenter d'acheter et de vendre au moment optimal s'est toujours avéré un exercice futile.

- Enfin, gare aux frais de gestion et aux impôts qui grèvent les rendements.