Le gaz de schiste est le sujet de l'heure. Pourtant, ce n'est pas nouveau. Il y a deux ans, nous évoquions son potentiel économique, et ses risques pour l'environnement. Voici les dernières nouvelles.

Talisman Energy et Questerre Energy effectueront vraisemblablement leur premier test de production de gaz naturel dès l'été prochain à partir de puits situés à Saint-Édouard, dans Lotbinière.

Il fallait s'y attendre, car à l'automne 2008, lors d'une visite de plusieurs sites, nous avions constaté l'apparition de plateformes de forage dans le paysage québécois. Et on pouvait prévoir que de tels sites de forage gazier allaient «pousser comme des champignons au cours des prochains mois dans les basses terres du Saint-Laurent.»

Cela dit, des résultats positifs au premier test de production ouvriraient la voie à une exploitation à plus grande échelle du gaz de schiste dans la province à partir de 2014.

Toutefois, Talisman Energy et Questerre Energy devront effectuer encore, cet automne, deux tests de fracturation dans des puits horizontaux situés près de la municipalité de Saint-Édouard, pour confirmer les principaux paramètres de production.

Si les résultats sont positifs, le duo raccorderait quelques puits au réseau de distribution de Gaz Métro vers la mi-2011.

Gaz Métro construirait alors un pipeline de 28 km, au coût de 22 millions, pour relier les puits au compresseur existant au-dessus du réservoir souterrain de Saint-Flavien, avant d'acheminer le gaz au conduit principal. La production initiale pourrait atteindre quelque 20 millions de pieds cubes par jour.

Inquiétudes

Dans ce contexte, et devant la multiplication des sites d'exploration des gaz de schiste, on assiste à une levée de boucliers de la part des environnementalistes et de groupes de citoyens.

Qu'en est-il des normes environnementales? Comment peut-on encadrer cette industrie? Est-ce nécessaire de produire cette énergie? Cette production va-t-elle alourdir le bilan des émissions de gaz à effet de serre du Québec?

Sans compter que lors du cahier Portfolio, publié en 2008, la question des eaux usées soulevait déjà des inquiétudes.

On comprend pourquoi: pour extraire le gaz des roches poreuses (schistes) il faut les fragmenter sous pression avec un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques. Et il faut compter environ 11 millions de litres d'eau pour chaque forage!

Le Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE) tentera de répondre à ces questions et remettra un rapport le 11 février prochain.

Le projet de loi québécois sur les hydrocarbures s'inspirera du BAPE. Il sera déposé au printemps 2011.

Les producteurs auront aussi le fardeau de la preuve. Seront-ils en mesure de réaliser leurs travaux en tout respect pour l'environnement?

La réponse à cette question vaut des milliards de dollars pour l'économie québécoise.

Incertitudes

D'autre part, la réaction de la population et l'incertitude accrue par rapport au régime fiscal et réglementaire du Québec pourraient avoir des effets négatifs sur l'investissement.

«Dans ce contexte, il est logique d'être plus prudent et de travailler là où c'est le plus productif» dit Monty Bowers, président et chef de la direction de Molopo Energy Canada, un des principaux titulaires de permis d'exploration dans la vallée du Saint-Laurent.

Même si l'industrie a évité temporairement le moratoire environnemental, le faible prix du gaz naturel constitue une menace permanente pour le secteur naissant.

À 3,90$US les 1000 pieds cubes, le prix du gaz naturel est tout près du seuil de la rentabilité pour plusieurs projets de gaz de schiste. Les investissements risqués, quant à la probabilité de production, comme ceux situés au Québec, sont habituellement les premiers visés dans ce cas.