Quand on pense à l'hydroélectricité au Québec, on songe immédiatement à la baie James et aux grands ouvrages d'Hydro-Québec. Mais il existe aussi des centaines de petits barrages et centrales privés.

«La production privée existe depuis le début de la production d'hydroélectricité au Québec, dit Jean-François Samray, PDG de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable. Les forces hydrauliques et le terrain appartiennent au gouvernement, et l'emplacement est loué à l'entreprise de production privée qui paie des redevances. Cela permet aux Québécois d'obtenir une énergie fiable et renouvelable à des prix compétitifs.»

Selon lui, si Hydro-Québec demeure la meilleure entreprise pour réaliser de grands chantiers, sa structure et les conventions collectives ne lui permettent pas d'avoir la souplesse nécessaire pour lancer des petits projets à des prix compétitifs.

«La formule actuelle, où l'on a des plus petites organisations qui développent des sites intéressants au plan économique, permet de réaliser des projets qui ont du potentiel là où la population est d'accord, dit-il. En même temps, cela amène des retombées dans les régions où les projets s'installent. Tout le monde y gagne.»

Travailler avec la population

Les centrales au fil de l'eau, qui ne nécessitent pas la construction de barrages, sont un bel exemple de production privée qui s'intègre bien au territoire. On utilise le débit de la rivière et l'impact environnemental est moindre. La firme Innergex énergie renouvelable, qui a réalisé plusieurs projets de ce type au Québec, est consciente de l'importance de travailler avec la population locale pour que les projets soient acceptables socialement.

«Il ne faut pas réagir seulement quand on rencontre de l'opposition, dit Julie Boudreau, directrice aux affaires publiques chez Innergex. Le développement durable et la prise en compte des besoins des citoyens, il faut le faire parce qu'on y croit. La question d'acceptabilité sociale est fondamentale, et permet d'ailleurs de bien meilleurs projets.»

Le dernier projet de centrale hydroélectrique au Québec d'Innergex remonte à 1999. Il s'agit de la centrale de la Chaudière, d'une puissance de 24 MW. Elle est située près du pont Pierre-Laporte, sur la rive sud de Québec.

Selon Mme Boudreau, ce projet reste, aux yeux de l'entreprise, une vitrine pour démontrer qu'il est possible d'intégrer une centrale au fil de l'eau au territoire avec l'accord des citoyens et sans compromettre le paysage.

«Quand le projet a été amené sur la place publique, cela a soulevé des passions, car les gens avaient des préoccupations au sujet de l'esthétisme des chutes et la question d'un débit écologique, explique Julie Boudreau. Nous avons montré aux gens des simulations visuelles avec différents débits pour qu'ils voient ce que cela pourrait donner, et ils se sont prononcés sur ce qui était acceptable pour eux. Nous avons travaillé à partir de ce débit, et c'est comme ça que l'intégration du projet a été une réussite.»

Colombie-Britannique

L'entreprise se tourne aujourd'hui vers le marché de la Colombie-Britannique, où elle a réalisé la centrale de Rutherford Creek, projet de 49,9 MW situé dans la chaîne de montagnes côtières du Pacifique.

«En Colombie-Britannique les enjeux sont différents, dit Julie Boudreau. Par exemple, les gens sont très amateurs de plein air, cela fait vraiment partie de la culture. Il faut être réceptif à ce que les gens veulent, et aux habitudes qu'ils ont, car nous ne sommes pas les seuls utilisateurs du territoire. Avec ce projet, il fallait en tenir compte, car il s'agissait d'une région où les gens font beaucoup de canot et de kayak. Nous avons aménagé un parc pour la pratique de ces sports en eaux vives, qui sert de site de compétition.»

Innergex a d'autres projets en cours en Colombie-Britannique, où le potentiel pour les petites centrales est important.

La construction de la centrale Kwoiek Creek devrait commencer sous peu, et la firme a remporté trois appels d'offres pour d'autres projets qui devraient être réalisés autour de 2015.