En matière d'hydroélectricité, on entend souvent les mêmes débats, les mêmes idées, avec les mêmes experts. Normand Mousseau, auteur du livre L'avenir du Québec passe par l'indépendance énergétique et professeur au département de physique à l'Université de Montréal, ose prendre la parole et mettre de nouvelles idées sur la table.

Plutôt que de s'en tenir uniquement à l'exportation pour rentabiliser les surplus d'énergies propres du Québec, pourquoi ne pas créer un label vert pour les entreprises qui choisiraient de s'installer au Québec et de s'alimenter en hydroélectricité?

Voilà l'idée que M. Mousseau a lancée sur son blogue Au bout du pétrole en novembre dernier.

«Au Québec, nous avons beaucoup d'hydroélectricité, une énergie propre lorsqu'on la compare aux énergies fossiles. L'idée, c'est de trouver la meilleure façon d'utiliser cet avantage comme levier économique», affirme Normand Mousseau.

Et pas question pour l'auteur de vendre cette hydroélectricité au rabais comme on le fait pour certaines industries.

«On vendrait cette énergie à un prix raisonnable et ce serait justifié par le label vert que les entreprises pourraient mettre sur leur emballage de produits. Ça deviendrait un avantage concurrentiel», croit M. Mousseau.

Mais quels genres d'entreprises pourraient s'intéresser à cette initiative? «Je pense particulièrement à celles qui ont déjà des préoccupations environnementales ou qui produisent des produits verts», précise-t-il.

Normand Mousseau donne l'exemple de la Société de transport de Montréal (STM) qui a annoncé récemment qu'elle comptait électrifier complètement son réseau d'autobus d'ici 2026.

«On pourrait être cohérent avec le projet en choisissant par exemple une entreprise qui développerait et construirait ces nouveaux véhicules au Québec avec de l'énergie propre. Ce serait bon pour l'environnement, bon pour l'emploi et en plus, ça créerait une expertise qui pourrait ensuite intéresser d'autres clients à l'étranger», explique-t-il.

Voitures hybrides

Il donne aussi l'exemple des constructeurs de véhicules hybrides.

«Ces véhicules s'adressent à une clientèle qui est sensibilisée à la cause environnementale. Pourquoi ne pas produire les batteries au Québec, avec de l'hydroélectricité, plutôt qu'en Chine à partir du charbon? En choisissant l'énergie propre, la batterie aurait une plus-value importante. Ça deviendrait un argument de vente.»

Le professeur croit toutefois que le Québec devrait faire les choses de façon sérieuse en commençant par développer un label vert crédible.

Ensuite, il faudrait tenter de convaincre des joueurs importants de venir s'installer au Québec.

«Il faudrait vraiment pousser, en faire une marque de commerce qui signifierait qu'au Québec, les produits sont faits proprement. Il ne faudrait surtout pas croiser les bras et attendre que les compagnies viennent s'installer.»

Ainsi, grâce à son énergie propre, le Québec pourrait vraiment se positionner à l'avant-garde, croit le professeur.

«Le potentiel est immense. Il faut utiliser cette énergie de façon intelligente, développer de la demande pour de l'énergie propre et ça fera boule de neige.»