L'année 2009 n'aura sûrement pas été ennuyeuse pour les professionnels du secteur de la comptabilité. Et 2010 risque de s'avérer tout aussi animée.

C'est que la profession est en train de mettre en place plusieurs grandes réformes qui modifieront à jamais le paysage de la comptabilité d'entreprise.

D'abord, la fonction de vérification et d'audit des entreprises a finalement été décloisonnée.

Depuis toujours, cette fonction était l'apanage des comptables agréés (CA). Eux seuls étaient autorisés à certifier les états financiers des sociétés.

Mais dès maintenant, leurs collègues CGA (comptables généraux accrédités) et, d'ici quelques semaines, leurs collègues CMA (comptables en management accrédités) pourront aussi le faire, du moins ceux qui auront complété la formation nécessaire.

«On en parle depuis sept ans, et finalement le quasi-monopole des CA tombe», dit François Renauld, président directeur général de l'Ordre des CMA.

L'abolition de cette chasse gardée des CA va-t-elle conduire à court ou à moyen terme une fusion des trois ordres comptables?

Cette question a fait l'objet de plusieurs débats depuis deux décennies, et plusieurs tentatives de rapprochement ont été tentées. Le bon moment serait-il arrivé?

«Il est certainement légitime de se poser la question», répond Daniel McMahon, président et chef de la direction de l'Ordre des CA du Québec.

Les normes internationales

Cette année, on assistera aussi à l'entrée en vigueur au Canada des normes comptables internationales pour toutes les entreprises publiques.

En fait, ce n'est qu'à partir de janvier 2011 que les compagnies canadiennes inscrites en Bourse devront produire leurs états financiers selon les règles IFRS (International Financial Reporting Standards).

Mais comme les entreprises doivent fournir des états financiers comparatifs, elles devront donc appliquer ces nouvelles règles à leurs résultats de 2010.

Pourquoi instaurer maintenant de nouvelles normes comptables?

«Parce qu'avec la mondialisation, il va de soi d'établir un cadre uniforme international», répond Nadi Chlala, professeur titulaire à ESG UQAM.

À l'ère des scandales

La dernière décennie a été celle des scandales.

Enron avait lancé le bal en 2001. Puis ce fut WorldCom, Tyco, et plusieurs autres.

Au Canada, on a suivi de près l'implosion d'Hollinger où des manipulations financières ont conduit Conrad Black en prison.

Au Québec, la couverture médiatique des fraudes de Vincent Lacroix et d'Earl Jones a été sans précédent.

Le secteur a de la comptabilité a réagi. De nouvelles règles de gouvernance et de contrôles internes ont été développées.

«La question de la gouvernance a pris beaucoup d'envergure au cours des dernières années» confirme Sylvie Béchard, vice-présidente, gouvernance financière et contrôles internes à la Fédération des Caisses Desjardins du Québec.

Développement durable

Enfin, le secteur de la comptabilité n'échappe pas lui non plus aux thèmes de l'environnement et du développement durable.

De plus en plus, on semble reconnaître que la comptabilité pourrait jouer un rôle important dans la marche vers une économie plus environnementale et durable.

«Il existe plusieurs facteurs qui motivent les entreprises à adopter des pratiques plus vertes et à rendre visibles les résultats», dit Jean-François Henri, professeur à la faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.