L’innovation ? Un logiciel, Lexibar, destiné aux professionnels d’aide à l’apprentissage pour les personnes atteintes d’un trouble du langage comme la dyslexie ou la dysorthographie.

Qui ?

Haylem, la petite entreprise de Terrebonne derrière le logiciel Lexibar, c’est d’abord une histoire de famille. En 2007, Francis Haynes obtient son diplôme en génie électrique à l’École de technologie supérieure. Son plus jeune frère, Éric, a abandonné l’école, aux prises avec des problèmes de dyslexie et de dysorthographie qui seront diagnostiqués sur le tard. Francis Haynes fonde Haylem en 2008 et entreprend de s’attaquer à ce problème en concevant un logiciel spécialisé, développé en collaboration avec des orthophonistes pendant cinq ans. Le logiciel, Lexibar, est prêt en 2013. Le père de Francis aide à la commercialisation du produit jusqu’à son décès, en 2020. Sa sœur, Karine, formée en gestion, prend les rênes à titre de directrice générale en octobre 2021.

Francis est toujours le président et se consacre plus particulièrement au développement du logiciel. Haylem compte une dizaine d’employés. « Ce n’est pas beaucoup, mais ils sont très efficaces, ingénieurs, programmeurs, gens de marketing, de comptabilité, à la réception », précise Mme Haynes.

Le produit

Lexibar est un logiciel qui comporte cinq fonctions d’aide pour ceux qui ont de la difficulté à lire et à écrire. On y retrouve un module de synthèse vocale, un vérificateur orthographique, un prédicteur orthographique, un prédicteur phonétique et un module d’illustrations.

Essentiellement, le logiciel s’affaire à repérer les erreurs d’écriture, à proposer des corrections et à montrer, images à l’appui, la bonne prononciation. Lexibar est surtout destiné aux professionnels comme les orthophonistes, mais il peut être téléchargé, avec l’acquisition d’une licence, « par tout parent qui cherche de l’aide pour son enfant, ou l’adulte qui cherche de l’aide pour lui-même », explique Mme Haynes.

Le créneau de niche est « de 7 à 17 ans », surtout pour des élèves du primaire et du secondaire. « Notre première version date de 2013. Nos élèves qui ont commencé à l’utiliser sont rendus au cégep, alors on commence à avoir des ventes dans les cégeps et les universités. On grandit avec nos élèves. »

Karine Haynes estime que 87 % des établissements scolaires au Québec utilisent Lexibar, qui a également fait son apparition en France.

« C’est un produit expert, on sait que c’est un logiciel d’aide qui est normalement accompagné par un professionnel. Mais on offre des formations lorsqu’il est acheté. » Chez Haylem, on affirme que 91 % des utilisateurs observent de grandes améliorations dans l’écriture après son utilisation. La licence de base coûte 45 $ pour trois mois, pour deux installations, ou 299 $ pour un achat définitif.

Selon la directrice générale, Lexibar est très innovant, surtout pour deux de ses fonctions, les illustrations et le prédicteur phonétique. « Ça n’existait pas sur le marché, cet outil développé en français pour des francophones. »

Les défis

Comme toute entreprise dont le produit repose sur la technologie, le principal défi est le développement constant. « On veut sortir le meilleur produit qui correspond à la demande des professionnels, dit Mme Haynes. Le défi est de s’améliorer d’une version à l’autre. On sort une version tous les quatre ans, on vient de lancer le LP5X en octobre dernier. C’est une belle mise à jour. »

La directrice générale rapporte également que des orthophonistes avaient des difficultés à avoir accès à Lexibar au sein des écoles, à cause de la formule des licences louées par utilisateur.

L’avenir

Depuis octobre dernier, Haylem propose une nouvelle formule pour contrer ce problème de disponibilité : offrir des abonnements non par utilisateur, mais pour tous les établissements d’un centre de services scolaire. Comme ces abonnements font actuellement l’objet de négociations, Mme Haynes n’en dévoile pas les tarifs.

« Avec un abonnement, c’est beaucoup plus facile. Le centre de services a un budget qui est toujours le même, plus facile à prévoir. Et il a accès à la version en cours et à celles qui viendront. »

La prochaine version, justement, la 6, « devrait arriver dans deux ans » et tirera profit de l’intelligence artificielle. « Sans vouloir faire de promesses, on est déjà en train de la monter. »

S’il reste encore un marché à explorer au Québec, l’Ontario présente de belles occasions pour Lexibar. Et après la France, où la distribution va bon train, on vise d’autres pays européens francophones comme la Suisse et la Belgique. « On pourrait même aller plus loin, au Maroc, en Tunisie, au Cameroun, au Sénégal, dans un avenir lointain, mais c’est possible. »