Chaque lundi, nous vous présentons une entreprise qui innove.

L’innovation

Des fauteuils roulants tout-terrains, qu’on peut utiliser sur le gazon, à la plage ou dans des sentiers, entièrement conçus et fabriqués au Québec.

Qui ?

En 2018, quatre hommes de la région de Portneuf, près de Québec, s’associent pour commercialiser le fauteuil roulant tout-terrain que l’un d’entre eux a patiemment conçu depuis huit ans. Cet ingénieur de formation, inventeur à ses heures, avait perdu l’usage de ses jambes après un accident. Ainsi est née TrackZ Mobilité. « Il s’est rendu compte qu’il n’était plus capable de jouer dehors avec ses enfants sur le gazon, raconte l’un des quatre cofondateurs, Hugo Lefebvre, aujourd’hui directeur général de l’entreprise. Il a fabriqué des prototypes pour arriver à quelque chose de satisfaisant. »

M. Lefebvre se décrit comme étant « en affaires depuis 25 ans ». Il travaillait depuis 2010 dans l’immobilier et venait de boucler un projet. « J’avais une ouverture dans mon agenda. Je trouvais que la cause était extraordinaire, je ne comprenais pas pourquoi ça n’existait pas. »

TrackZ Mobilité, installée à Saint-Raymond, compte une douzaine d’employés.

Le produit

PHOTO FOURNIE PAR TRACKZ MOBILITÉ

Le HP+, modèle phare de l’entreprise

TrackZ Mobilité a conçu quatre modèles de fauteuils roulants, dont un est motorisé et ressemble à une moto à trois roues. Le modèle emblématique est le HP+, dont les deux roues comportent des pneus de vélo de montagne et auquel on a ajouté à l’avant une petite roue pour plus de stabilité. Le fauteuil peut être utilisé sur presque tous les terrains inégaux.

Tout est fabriqué au Québec et assemblé dans l’atelier de Saint-Raymond, à quelques exceptions près pour de petites pièces spécifiques, se réjouit M. Lefebvre.

« Il existait beaucoup de fauteuils roulants pour l’intérieur, et des options pour les sportifs à l’extérieur. Mais il n’y avait rien pour monsieur et madame Tout-le-Monde qui veut simplement aller porter ses vidanges en passant sur un chemin de gravelle ou jouer sur le gazon. »

Un fauteuil qui ressemble à ce qui se fait pour l’intérieur, mais utilisable à l’extérieur, c’est simple, mais personne n’avait fait ce chemin-là. Le besoin était là.

Hugo Lefebvre, cofondateur et directeur général de TrackZ Mobilité

Le modèle de base coûte 5000 $. Le choix des matériaux, que l’on veut légers et durables, la personnalisation et le fait que ce soit un produit de niche expliquent ce coût élevé. « On n’en vend pas 10 000 par année ; une grosse année, c’est 250 fauteuils. » Pour aider les utilisateurs qui n’ont pas accès à un remboursement gouvernemental, soit 80 % de la clientèle, TrackZ Mobilité organise par ailleurs des campagnes de sociofinancement sur son propre site. « C’est notre bébé de la dernière année, explique le directeur général. On est rendus à près de 200 000 $ amassés pour les clients. »

Les défis

Les deux premières années, TrackZ a tenté d’utiliser les réseaux de distribution existants et de s’implanter rapidement sur les marchés internationaux. « Ça n’a pas marché, avoue M. Lefebvre. Tous les fabricants de fauteuils vont vous le dire, la distribution est un problème, et la pandémie a empiré ça. »

Changement de cap, TrackZ décide d’aller « all in » au Québec. « On a eu un succès incroyable, là où ne pensait pas en avoir. On a augmenté nos ventes de 1000 % l’an dernier, ça va vraiment très bien. » L’entreprise de Saint-Raymond gère elle-même sa distribution, en s’associant essentiellement à des ergothérapeutes dans des centres de réadaptation et en vendant directement à son atelier-boutique. « On ne passe presque plus par les magasins. »

La conception est toujours un défi, chaque fauteuil étant personnalisé selon les besoins de l’acheteur. « Il n’y a pas deux fauteuils semblables, on les fait vraiment sur mesure. »

L’avenir

Après s’être cassé les dents sur l’exportation, TrackZ s’apprête à retenter l’expérience, mais de façon plus modeste et en assumant la distribution, avec l’ouverture d’un deuxième atelier-boutique en France, plus précisément en Bretagne, en 2023.

En fin d’année, on espère une expansion dans l’Ouest canadien.

On prépare en outre dans l’atelier de nouveaux modèles. « Je ne veux pas donner trop de détails, ils ne sont pas encore annoncés, mais on a plusieurs produits sur la table prêts à être développés. »