L’innovation : alors que les humains ont réussi à marcher sur la Lune, Katherine Homuth n’arrivait pas à s’expliquer pourquoi aucun collant résistant n’avait encore été inventé et que ceux offerts sur le marché étaient condamnés à prendre rapidement le chemin de la poubelle, raconte-t-elle sur le site internet de son entreprise.

Elle a donc décidé de commander des fibres permettant de fabriquer des collants provenant de partout à travers le monde. Elle les a déchirées les unes après les autres, jusqu’à ce que l’une d’entre elles « survive » à ses tests.

De là sont nés les premiers collants noirs, sorte de tricot résistant fabriqué avec du polymère et sans aucune trace de nylon, de l’entreprise montréalaise Sheertex. Ce produit qui ne s’abîme pas et ne se déchire pas, qualifié d’unique par l’entreprise, parce qu’il est conçu avec une fibre normalement utilisée pour de l’équipement d’escalade, est maintenant vendu partout au Canada et aux États-Unis.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Sam Colby, chef d’équipe pour Sheertex, et Katherine Homuth, fondatrice de l’entreprise

L’entreprise

Sheertex a pris naissance en 2017, en Ontario, où habitait Mme Homuth. « Elle a fait sa recherche et développement là-bas avec quatre machines », raconte Sam Colby, chef d’équipe pour Sheertex depuis 2020.

Or, la fondatrice de l’entreprise s’est mise à vendre beaucoup plus que prévu et ses quatre machines ne suffisaient plus à la tâche. C’est alors qu’elle a entendu parler d’une usine située dans le quartier Saint-Michel à Montréal qui avait auparavant été occupée par Gildan, fabricant connu pour ses t-shirts et ses chaussettes.

L’installation de 120 000 pieds carrés disposait déjà d’une centaine de machines à tricot — qui permettent de concevoir des bas et des collants — nécessaires pour que cette jeune entreprise œuvrant dans l’industrie de la bonneterie puisse prendre de l’expansion. Sheertex y a donc élu domicile en 2019.

Katherine Homuth s’est alors entourée d’une équipe 100 % montréalaise, dont fait partie Sam Colby. Parmi les employés, certains ont une trentaine d’années d’expérience dans ce genre d’usine puisqu’ils travaillaient auparavant pour Gildan.

L’idée de se joindre à une entreprise dont les produits sont conçus dans la métropole de A à Z a tout de suite plu à Mme Colby. « Dans les autres endroits où j’ai travaillé, on commandait des produits d’Asie et on les vendait », raconte-t-elle.

Aujourd’hui, Sheertex compte au total 183 employés qui travaillent tous à l’usine de Saint-Michel. L’installation dispose maintenant de 120 machines où sont produites chaque jour 10 000 paires de collants. Face à la demande grandissante, 25 nouvelles machines viennent tout juste d’être ajoutées.

Katherine Homuth a pour sa part déménagé ses pénates à Montréal. Sam Colby, de son côté, porte toujours la paire qu’elle a achetée en 2020 au moment de son embauche, et ce, à raison de trois ou quatre fois par semaine, assure-t-elle.

L’avenir

S’il est impossible de savoir d’où provient la fameuse fibre qui permet à Sheertex de fabriquer ses collants, ses bas et ses sous-vêtements, l’entreprise révèle toutefois qu’elle la produira bientôt elle-même avec l’ouverture d’une deuxième usine à Montréal au cours de l’année 2023.

Avec des ventes qui doublent chaque année, Sheertex souhaite également conquérir le marché européen.